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 Sujet du message: Krach obligataire
MessagePublié: 25 Fév 2013 16:15 
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Coucou amis du forum. Depuis quelques jours (en fait principalement depuis que la FED a fait état de désaccord en son sein pour continuer la politique de taux bas), on entend pas mal parler de krach obligataire.

Le problème, pour un gros nul en éco comme moi, c'est que j'ai beaucoup de mal à comprendre ledit concept. Comment les obligations pourraient connaître un "krach" alors que leurs taux sont historiquement bas. Si les taux remontent pourquoi assisterait-on à un krach et non à une ruée vers les obligations. Si quelqu'un peut m'expliquer, ce serait gentil, car là il y a un truc qui m'échappe.

Enfin quelles conséquences selon vous sur les MPX, en cas d'une telle remontée des taux obligataires ? Logiquement, les MPX devraient devenir moins attractifs et être poussés à la baisse (à court terme), mais le problème des dettes publiques s'aggravant remonter à long terme ?

Merci d'avance, à ceux qui prendront la peine d'essayer de m'éclairer ;)


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 Sujet du message: Re: Krach obligataire
MessagePublié: 25 Fév 2013 16:28 
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A quand le krach obligataire?
http://www.monfinancier.com/finances/jo ... Rg.twitter
Edito 22/11/2012 à 07h10

Les taux longs dans certains pays sont à des taux artificiellement bas: en France bien sûr, mais encore plus aux Etats Unis. Les perspectives de croissance et d'inflation sont certes molles mais le niveau des dettes et des déficits justifieraient des niveaux de taux d'intérêt nettement plus élevés. Est ce que le krach obligataire peut se déclencher?
La France a un déficit record, une dette abyssale et elle emprunte à un peu plus de 2% seulement. Il y a des explications: l'épargne des ménages, l'aversion au risque des Français, l ' "appui" des grandes banques mais aussi un soutien de fait par des banques centrales comme la Banque Nationale Suisse qui achète des euros tous les jours pour l'empêcher de baisser et les placent dans les pays les mieux notés d'Europe.
C'est encore plus frappant pour les Etats Unis. Les Etats Unis n'ont même pas entamé d'efforts en matière de réduction du déficit budgétaire et surfent sur une dette qu'ils ne pourront jamais rembourser. Certes, ce sont les Etats Unis, le dollar est encore la monnaie de réserve internationale et la banque Centrale Américaine soutient en permanence le marché des emprunts d'Etat. Et les Etats Unis empruntent à 1.68% à 10 ans et à 2.82%...à trente ans!!!
Tout cela est aberrant.
Mais tout cela l'était déjà il y a un mois.
Et il y a 6 mois.
Et malgré cela la situation perdure
Tant mieux pour le budget des Etats.
Si les taux Français ou Américains retrouvaient leurs niveaux "normaux", 3.5% minimum pour la France sur 10 ans, et 3 à 4% pour les Etats Unis, l'impact sur le déficit budgétaire serait dramatique.
Est ce que cela peut durer?
Oui. Cela dure déjà, contre toute attente, depuis des mois. Et le cas du Japon illustre le fait que ce type d'aberrations peut durer des années. Le Japon, un des trois pays au monde les plus endettés, emprunte à 10 ans à ...0.74%!!!!!
Mais tout peut s'arrêter du jour au lendemain et tant en France qu'aux Etats Unis un krach obligataire peut se produire en 2013. Il suffirait que l'économie démarre réellement ou que l'inflation dérape même un peu aux Etats Unis, il suffirait que les hedge funds avec la bénédiction de l'Allemagne parviennent à faire basculer le marché de la dette d'Etat en France.
En attendant, rien ne bouge ou presque.
C'est une bombe à retardement...qui pourrait cependant ne jamais se déclencher.




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 Sujet du message: Re: Krach obligataire
MessagePublié: 25 Fév 2013 16:29 
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http://lecercle.lesechos.fr/entreprises ... bligataire

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09/11/2012 | Mory Doré | Finances | Lu 1527 fois | 2 commentaires
Pourquoi faut-il se préparer à un Krach obligataire ?
LE CERCLE. Les principales raisons qui ont maintenu les taux longs US, UK et des pays européens jugés les moins fragiles budgétairement (Allemagne, France par défaut…) à des nouveaux historiquement bas vont progressivement disparaître.
Écrit par

Mory Doré
Les principales raisons qui ont maintenu les taux longs US, UK et des pays européens jugés les moins fragiles budgétairement (Allemagne, France par défaut…) à des nouveaux historiquement bas vont progressivement disparaître. Parmi ces raisons, nous en rappellerons trois que nous avons toujours considérées comme conjoncturelles et techniques.
Premièrement, les politiques monétaires des grandes banques centrales ne pourront pas être plus accommodantes
Si nous nous concentrons sur la banque centrale européenne, nous continuons de penser qu'elle sortira progressivement de sa politique d’argent "gratuit" dès 2015. Elle pourra d’autant mieux le faire que l’on assistera à des évolutions institutionnelles fortes en zone euro (éclatement de la zone ou fédération) qui éloigneront la nécessité de maintenir les mesures de politique monétaire non conventionnelle.
Alors, certains pourraient répondre qu’un horizon aussi lointain ne devrait pas être de nature à déstabiliser les marchés obligataires.
Et pourtant, il ne faut pas perdre de vue la surexposition historiquement élevée en titres d’état des investisseurs du monde entier et les risques de suranticipation des marchés dans le contexte d’aujourd’hui. Si les marchés anticipent et s’ils ont la conviction que les politiques monétaires des grandes banques centrales deviendront restrictives à partir de 2015, ils feront remonter les taux longs 12 à 18 mois avant (donc avec beaucoup plus d’avance que dans les changements de cycle de politique monétaire du passé). Dès le deuxième semestre 2013 sans doute.
Toute orientation même modérée ou tout début de discours de fin de politique monétaire créera les conditions d’un krach obligataire mondial. Le retour d’insolvabilité (si tant est que celui-ci ait disparu) d’états de la zone euro en situation de crise de liquidité plus ou moins officielle et la re-fragilisation de certains systèmes bancaires nationaux.
Deuxièmement, le concept de valeur refuge est en train d’évoluer sur les marchés
Depuis longtemps (en réalité depuis plus de 10 ans) l’obligataire souverain réputé sûr bénéficie du fly to quality en période de crise des actifs dits risqués (actions, crédit high yield, actifs des émergents, dettes souveraines des pays d’Europe du Sud).
Mais il faut s'attendre à ce que d’autres types d’actifs, moins "surévalués", prennent le relais des obligations souveraines prétendues "sûres".
Par exemple, compte tenu de son statut d’actif réel, il ne peut exister de bulle sur l’or. L’or ne s’imprime pas, ne se crée pas à partir de rien et va bénéficier du monde de taux d’intérêt réels à court terme négatifs dans lequel nous sommes durablement rentrés. Mais on peut penser également à des actifs tels que :
- Des obligations d’entreprises aux fondamentaux solides.
- Des titrisations adossées à des actifs réels décotés et de qualité.
- Des actifs des pays émergents (dette souveraine, obligations d’entreprise, actions).
Comme nous l’écrivions dans un papier précédent, nous restons convaincus que les politiques monétaires "exagérément" expansionnistes menées depuis 2007 provoqueront un phénomène psychologique aujourd’hui sous-estimé, à savoir une vraie perte de confiance dans la monnaie et un refuge accentué des investisseurs particuliers vers les actifs réels (matières premières, or encore et toujours, biens tangibles au détriment des actifs financiers traditionnels en général et des obligations d’état en particulier). Il faut absolument intégrer ce phénomène dans les allocations d’actifs de moyen long terme.
Troisièmement, considérer que la très forte demande en emprunts d’État restera forte à cause des évolutions réglementaires Bâle 3 est très risqué
Les investisseurs vont-ils continuer à acheter des titres d’État à moins de 2 % de rendement actuariel et avec des risques de marché considérables (une hausse de 300 bp des taux à 10 ans provoquerait une baisse des cours de 25 % sans parler des risques au-delà de 2014-2015 de renchérissement des conditions de refinancement de ces titres) uniquement pour des raisons règlementaires ?
- Liquidité réglementaire d’abord puisque les titres d’état très bien notés sont éligibles à la réserve de liquidité du futur ratio Bâle 3 appelé LCR (pour liquidity coverage ratio). Mais bon, il y a des limites à la constitution des réserves de liquidité des grandes banques et une fois celles-ci constituées (courant 2013), la demande d’obligations d’état devrait baisser et un des facteurs de soutien de ce marché disparaître.
- Gestion des ratios de solvabilité ensuite. Plus vous détenez des emprunts d’état de rating élevé, plus il est facile d’atteindre vos objectifs de core Tier 1 Bâle 3 (fonds propres durs) puisque les exigences de RWA sur ces titres sont nulles (RWA pour risk-weighted assets, soit les actifs pondérés sur lesquels les banques consomment réglementairement des fonds propres). C’est ce que d’aucuns appellent la répression financière qui consiste à obliger les banques à être surpondérées en papiers d’état au mépris du risque et de la rentabilité intrinsèques de ces actifs (et qui plus est papiers d’état de leur pays, renationalisation des dettes souveraines oblige) et empêche la décorrélation tant nécessaire entre risque bancaire et risque souverain. Mais bon, tout cela a là aussi des limites et à quoi cela sert-il de continuer à conserver des positions à risque de pertes potentielles importantes quand bien même elles consommeraient zéro fonds propre réglementaire ?
Par ailleurs, le fort appétit des banques pour les emprunts d’État baissera également si comme on peut l’anticiper la réglementation prudentielle élargit la liste des actifs éligibles au futur ratio de liquidité LCR (on parle notamment de plus en plus des métaux précieux, au premier rang desquels figurerait l’or physique).
Mais il est selon nous une quatrième raison qui précipitera les conditions d’un krach obligataire. Il s’agit d’un phénomène structurel trop souvent passé sous silence et qu’il nous faut développer ici : les pays des économies émergentes changent de modèle de croissance et avec ce changement de politique de replacements de leurs excédents d’épargne.
Grâce aux excédents commerciaux des pays émergents, des pays exportateurs de pétrole et des pays exportateurs de matières premières, le taux d’épargne mondial reste encore extrêmement élevé. Ces excédents d’épargne ont été depuis de nombreuses années investis en titres d’État libellés en dollar et en euro, ce qui s’est traduit par une accumulation de réserves de change par les Banques centrales et donc par une croissance extraordinaire de la liquidité mondiale.
Cette situation a entretenu la surévaluation du prix de certains emprunts d’État (US, UK, zone euro core) et le maintien à des niveaux historiquement bas des taux longs.
Mais tout cela est en train de changer.
Tout d’abord, en supposant que les excédents d’épargne des pays émergents restent aussi considérables qu’aujourd'hui (cela risque de ne même plus être le cas), il faut s’attendre à une modification de leurs choix de replacement des excédents de réserves de change.
Ils vont maintenant préférer des investissements directs vers la zone OCDE aux achats d’obligations d’état OCDE qui ne leur rapportent plus grand-chose. Il en résultera donc une moindre création monétaire des banques centrales et donc moins de liquidités à investir en Treasuries, Gilts, Bunds et autres emprunts d’État.
Après tout, il n’y aurait rien de fondamentalement aberrant à ce que les pays émergents et exportateurs de pétrole considèrent comme plus rationnel de se diversifier au-delà du marché obligataire en investissant sur des actifs jugés à tort ou à raison comme plus attractifs.
Un indicateur qu’il sera utile de surveiller pour confirmer cette évolution sera les sorties d’investissements directs des pays émergents vers les pays de l’OCDE. Les sorties d’investissements directs des pays émergents qui étaient quasi inexistantes jusqu’en 2003 prennent de l’importance (sources Datastream et Natixis : barre des 100 Mds USD franchie en 2005 et fourchette de 250 à 350 Mds USD sur la période 2008-2011 avec 75 Mds USD pour la seule Chine).
Ensuite, nous allons vivre un changement de modèle de croissance dans le monde émergent avec la substitution d’un modèle de croissance tirée par la demande interne au modèle d’une croissance tirée par les exportations, donc par les excédents commerciaux et l’accumulation de réserves de changes. C’est un des enseignements majeurs de cette crise dont on parle peu et qui perturbera sérieusement les mouvements de capitaux internationaux et le financement des déficits en occident. La baisse du taux d’épargne du monde émergent entrainera une baisse des réserves de change.
D’ailleurs les autorités chinoises (et ceci se renforcera sans doute avec l’arrivée du "nouveau" pouvoir) prônent très ouvertement ce "nouveau modèle de croissance" pour la Chine, qui s'appuierait sur une réorientation vers la consommation intérieure.
"En réponse aux changements économiques au plan national et international, il faut accélérer la création d'un nouveau modèle de croissance basé sur une qualité et une performance améliorées", a déclaré Hu Jintao, encore numéro un lors du 18e congrès du Parti communiste et de poursuivre en proclamant que d’ici 2020, "toute notre population sera couverte par la protection sociale et tout le monde bénéficiera des services médicaux et sanitaires fondamentaux".
En tout cas, les indicateurs qui nous permettront de surveiller cette évolution macroéconomique majeure de la décennie sont les suivants :- Le taux d’épargne national en % du PIB. Celui des pays émergents (Russie et pays de l’OPEP inclus) est passé de 25 % (niveau déjà élevé) du PIB au milieu des années 1990 à 35 % au plus haut durant la période récente 2008-2011. Une diminution probable à la baisse de ce taux signifiera moins de capacités à investir en actifs financiers OCDE en général et en titres obligataires de cette zone en particulier. Ceci provoquera de violents réajustements à la hausse pour les rendements longs.
– Les réserves de change de ce même périmètre ont littéralement explosé en 15 ans : 500 Mds $ au milieu des années 1990, puis plus de 1 000 Mds $ au début des années 2000, 5 000 Mds $ en 2007 et enfin point culminant à un peu plus de 9 000 Mds $ en 2011. Cette tendance vieille de 15 ans va être remise en cause et il nous semble fondamental de surveiller à espaces réguliers l’évolution de ces réserves, véritable indicateur avancé des nouveaux équilibres de flux sur les marchés obligataires mondiaux.
La demande en titres d’État des pays de l’OCDE par les pays émergents baissera et à programmes d’émissions des Trésors nationaux inchangés, il faudra s’attendre à de fortes pressions à la hausse des taux longs.
Dans ce papier, et en dépit d’anticipations qui peuvent paraître spectaculaires, il n'aura nullement été question de vouloir faire du sensationnalisme et du catastrophisme pour faire de l'audimat (je ne suis pas animateur télé) ou du commissionnement (je ne suis ni gérant d’actifs ni courtier et n'ai donc rien à vendre).
L’objet était surtout de bien prendre conscience que nous sommes tous directement ou indirectement concernés par les risques de krach obligataire violent :
– Par la détention d'obligations d'état en direct à titre privé ou professionnel.
– Par la détention de contrats d'assurance vie (faut-il résilier ses contrats – vaste sujet qui dépend aussi de nos situations financières personnelles, de nos âges et projets).
– Par les projets de certains d'entre nous en matière de financements immobiliers (résidence principale, secondaire ou investissement locatif).
– Par le durcissement des politiques fiscales afin de compenser l'alourdissement des charges d’intérêt que provoquerait la remontée forte des taux long terme.
Mory Doré




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 Sujet du message: Re: Krach obligataire
MessagePublié: 25 Fév 2013 16:31 
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Le principe est simple à comprendre, ça fait plusieurs années que les taux sont bas, donc les assurance vie par exemple sont bourrées d'emprunts à bas taux, si dans quelques mois le 10 ans allemand prend 2 points et le 10 ans français prend 3 points, qui sera interessé par les anciennes obligations ? Ce papier à taux bas sera donc vendu avec une décote de quelques % pour être au niveau des nouveaux taux.
Le plus important à prendre en compte c'est que les obligations changent de main à de multiples reprises sur le marché secondaire (souvenons nous du 10 ans grec à 300%, c'était sur le marché secondaire).

Exemple: en 2010 tu achètes une obligation allemande à 2% que tu paies 100, tu récupères 2 chaque année pendant 10 ans et en 2020 tu récupères tes 100 de départ. En 2020 tu auras donc récupéré 120.
En 2014, le même taux 10 ans allemand passe à 5%, tu récupères 5 par année et 100 et 2024.
Celui qui a du 2% 2010 sera tenté de le revendre dès 2014 pour récupérer son capital de départ (les 100) pour acheter du 5% 2014, il préfère perdre à la revente mais il gagnera par la suite du 5% au lieu de 2%. Il sera donc près à revendre 85, 88 ou 92 son obligation de 100 à 2% pour racheter du 5% avec un capital moindre. C'est un calcul à faire.

J'espère avoir été assez claire.

_________________
Méfiez-vous, on n'est jamais à l'abri de devenir riche.


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 Sujet du message: Re: Krach obligataire
MessagePublié: 25 Fév 2013 16:33 
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http://h16free.com/2012/11/13/18783-ce- ... -pas-venir


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Ce krach obligataire que Hollande ne verra pas venir
13 novembre 2012 102 commentaires Demaerd Awards et Grenelle de la Décomposition

Certains observateurs attentifs auront noté que, depuis quelques temps, les pays émergents achètent à tour de bras tout ce qui s’offre plus ou moins facilement à leur convoitise. Comme on va le voir, les exemples se multiplient d’investissements étrangers en terres européennes ou américaines et, d’achats millionnaires en prises de participation conséquentes, un autre monde est en train d’apparaître. Et, pendant que Flamby rote des petites phrases creuses à la télé, se prépare très vraisemblablement un joli krach obligataire à côté duquel la moiteur des dessous de bras au plus fort de la crise de 2009 pourrait bien paraître printanière.

Oui, je vais un peu vite en besogne mais cependant, tout est logique.

En effet, il n’y a guère besoin d’efforts énormes pour découvrir que les pays dits émergents investissent maintenant de plus en plus dans les pays dits développés (pour ne pas dire émergés avant de couler). Récemment, les achats du Qatar en France ont fait, plusieurs fois, les gros titres des journaux tant on pouvait sentir la fibre nationale de nos minustres s’agiter à l’idée de perdre des sources faciles de dessous de table. Et en plus, on ne parle pas ici de quelques prises de participations dans d’obscures sociétés de second rang, mais bien de dix milliards d’euros… pour le moment.

Pour le moment parce que lorsqu’on sait que les Qataris se rapprochent des banques d’affaires pour mieux contrôler leurs avoirs et étendre leurs participations, on comprend que ces investissements français font partie d’une stratégie globale.

Stratégie globale qu’on retrouve pour d’autres émirats (Dubaï par exemple), pour la Chine, la Russie ou encore le Brésil et qui peut se résumer à une frénésie discrète mais bien réelle d’achats en tous genres, et un intérêt accru des banques d’affaires sur place pour motiver de nouveaux riches clients à diversifier leurs portefeuilles.

Tout ceci n’est évidemment pas fortuit.

Historiquement, lorsqu’un pays se développe, ses citoyens qui parviennent à une nouvelle richesse investissent d’abord dans les avoirs les moins risqués dont l’art, l’or et … les devises et bons d’états de pays étrangers solides. Et, au fur et à mesure que le pays se stabilise dans sa nouvelle situation, les investissements se modifient en laissant progressivement les bons d’état pour accéder aux domaines plus risqués (actions d’entreprises étrangères, par exemple).

Si l’on transpose à la situation courante, on observe le même phénomène avec un élément supplémentaire : la taille des pays qui émergent de la pauvreté est absolument gigantesque d’une part, et d’autre part, l’accroissement des investissements dans les pays étrangers est, véritablement, exponentielle. Il suffit pour s’en convaincre de jeter un oeil rapide aux graphiques ci-dessous (issus de la Banque Mondiale). Le premier montre l’ampleur des investissements étrangers vers les pays de l’OCDE.

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emerging-markets-outward-investment-flows.png [ 160.76 Kio | Consulté 8721 fois ]


Le second, ci-dessous, permet d’apprécier la répartition nord/sud des investissements effectués, ce qui permet de voir que non seulement, les pays émergents investissent de plus en plus vers les autres pays, mais aussi de plus en plus vers eux-mêmes, ce qui donne une bonne idée de la quantité de richesse qu’ils ont su dégager.

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Tout ceci est bel et bien bon, mais comment en vient-on à claquer la boîte à sucette de ce pauvre Hollande qui ne l’avait pas vue venir (mais la mérite largement quand même) ? De façon fort simple, à mesure que les fortunes de ces pays grossissent, petit à petit, les bons d’états deviennent moins intéressants.

D’une part, l’accumulation des réserves de change par les banques centrales, ça va bien cinq minutes, mais avec les petits mouvements sur les monnaies actuellement, on comprend que certains aient des sueurs froides et décident de ré-allouer leurs avoirs (les Chinois n’étant pas les plus mal placés en l’occurrence). D’autre part, les manipulations grossières des taux par les principales économies du monde (Américains, Anglais et zone euro) ont permis de conserver des taux longs historiquement bas, ce qui était bien pour eux, mais moins pour les investisseurs étrangers qui commencent à trouver peu rentable ces investissements d’autant que leur sûreté s’effrite au fur et à mesure que les banquiers font buzzer les Epsons.

À tel point que, par exemple, la nervosité se lit dans les déclarations du patron de la Banque d’Angleterre, qui comprend bien qu’il faudrait arrêter de croire qu’on pourra imprimer la dette jusqu’à son évaporation mais qu’on oblige plus ou moins ouvertement à continuer…

Concrètement, pour les pays émergents, les obligations d’État n’offrent plus un rapport sûreté / rendement suffisant.

Et double effet kiss-cool, l’arrivée de ces fonds de plus en plus importants dans des banques européennes permettent à ces établissements parfois mal en point de mieux respecter leurs différents ratios imposés par Bâle III, qui ont d’ailleurs d’autant plus de facilité à le faire actuellement qu’elles ont été légalement tenues de se gaver d’obligations d’état précédemment.

En résumé, nous sommes à un tournant : dans les prochains mois tout au plus, les bons d’États auront de plus en plus de mal à trouver preneur. Les Russes, les Chinois, les Indiens et les Brésiliens sont peut-être en voie de développement mais certainement pas stupides et ont compris que les papiers décorés qu’on leur envoie ne sont que ça, des papiers décorés. D’un autre côté, les établissements bancaires (les moins stupides d’entre eux, en tout cas) ont eux aussi compris l’intérêt qu’il y avait à ne pas surcharger leur barque de ces obligations et à se concentrer, une fois les ratios légaux atteints, dans d’autres investissements plus lucratifs.

Autrement dit, pour attirer le chaland, les États vont devoir augmenter leurs taux ou diminuer leurs émissions de dette.

hollande humideParallèlement, tant le budget de 2013 présenté par l’équipe de branleurs de Bercy que les promesses électorales du boulet fromager concourent l’un comme les autres à démontrer l’impéritie totale des dirigeants français. Lorsque l’étau financier va se refermer et les taux remonter franchement, attendez vous à supporter tout l’arsenal des rodomontades et pleurnichements pathétiques des frétillants crétins qui nous gouvernent, avec des discours à base de méchante finance qui met le pays à genoux (avec un petit « c’est parce qu’on est de gauche que la finance nous fait ça, à nous, le sel de la terre »), montrant leur parfaite méconnaissance des mécanismes en jeu.

Bien sûr, à ce moment là, il serait de bonne guerre de dire « C’est bien fait ! » car ils l’auront bien mérité. Mais malheureusement, dans cette histoire, ce seront toujours les mêmes qui vont trinquer et les responsables, les socialauds, s’en tireront avec une pirouette.



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 Sujet du message: Re: Krach obligataire
MessagePublié: 25 Fév 2013 16:36 
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http://www.bpdtrading.com/article-quel- ... 81640.html

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Vendredi 23 novembre 2012 5 23 /11 /Nov /2012 10:00 Quel avenir pour l'obligataire français? La dégradation de la France par Moody's est l'occasion d'essayer de comprendre ce qui se cache derrière une valorisation obligataire.



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Plus personne n'attendait une hausse brutale des taux obligataires suite à la dégradation. Plus personne sauf quelques politiques peu au courant du fonctionnement des marchés, mais qui pourtant ne jurent que par eux. La réaction des opérateurs sur les marchés (une hausse modérée de 2.06 à 2.16%) porte plutôt la marque d'un excès baissier sur les taux à dix ans. D'ailleurs nous noterons que le spread (l'écart de prix) avec l'Allemagne ne s'est pas dégradé puisque son taux à 10 ans est aussi passé de 1.32% à 1.42%.

Depuis cet été, la France emprunte à court terme à des taux négatifs. Ce qui signifie tout simplement qu'elle gagne de l'argent à chaque fois qu'elle emprunte. Le rêve de tout emprunteur. Le cauchemar des investisseurs. Avec un taux proche de 2% à dix ans, elle n'offre aucune prime de risque sur l'inflation. Là encore, les prêteurs (les méchants financiers donc) acceptent de perdre de l'argent. Pourquoi?



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Taux obligataire français: OAT 10 ans




Parmi les raisons qui expliquent la valeur historiquement basse du 10 ans français, on trouve:

•Le "Fly to Quality": les opérateurs arbitrent leur allocation d'actifs en fonction des risques de marché. En période de trouble sur la croissance et sur les perspectives bénéficiaires des entreprises, ils se réfugient sur les marchés obligataires ("réputés" plus sûrs), ce qui contribue, mécaniquement, à abaisser le prix des obligations.
•L'absence de choix pour les investisseurs. Investir dans les pays dits "Core" ne présente plus guère d'intérêt. Avec des rendements de 0.43% pour la Suisse ou de 1.40% pour l'Allemagne, prêter à ces deux pays, revient à perdre de l'argent une fois l'inflation déduite. Vous ne le faîtes que si vous cherchez absolument un produit qui garantira la survie de votre capital: ce qui reste la préoccupation majeure des investisseurs que l'on peut rencontrer. La faillite de Lehman Brothers et une décennie de marchés financiers souffreteux ont eu raison du moral des plus optimistes.


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Taux obligataire allemand: Bund 10 ans

•Les pays à rendements élevés ont montré qu'ils pouvaient faire faillite de manière réelle ou virtuelle. Les investisseurs n'en veulent plus, ou alors ils exigent des primes de primes de risques prohibitives, usuraires, qui les mettent à genoux.
•Les pays très endettés, mais avec une capacité de levée d'emprunt forte (une sorte de résilience fiscale) donc de remboursement de leur dette (comme la France) attirent donc nécessairement des capitaux en manque de débouchée. La mécanique étant alors que la demande va agir sur le prix des obligations, donc pousser les prix à la baisse.
•L'excès de liquidités dans le monde qui ne trouve plus d'investissements suffisamment sûrs oblige à une répartition du risque.
•La situation économique indigente où les prévisions les plus optimistes font état d'une année 2013 à très faible croissance et d'une reprise molle en 2014.
•L'action de la Banque Nationale Suisse (BNS) qui a réagi à la hausse du Franc Suisse (CHF) qui apparaissait comme une des rares valeurs refuges en plein coeur de la crise, en fixant un taux plancher de 1.20 contre euro (6 septembre 2011) et a conjointement acheté des obligations européennes expliquant en partie le rally du printemps sur le bund allemand et le mouvement parallèle sur les obligations des pays semi-core comme la France.
•La volonté politique manifeste de coller aux exigences des marchés en appliquant des règles de gestion que l'on peut contester ou discuter, mais qui ne cèdent pas aux sirènes du keynésianisme, pour se tourner vers une politique de l'offre.




Tant que ces facteurs persisteront, les taux des obligations françaises resteront bas. Se réjouir d'emprunter à taux bas est donc une erreur si l'on se donne la peine de comprendre les raisons qui poussent les prix de l'obligataire vers le bas: la crainte de l'avenir, la peur de l'autre, l'absence de choix réaliste...

Cependant, à moyen terme (12 à 18 mois), prenons le pari que les excès constatés sur le marché obligataire européen seront corrigés. Sans parler de krach obligataire, même si l'hypothèse n'est pas à exclure, le taux allemand à dix ans devraient remonter dans la zone 1,80 - 2,20 et le français devrait repasser la barre des 3%.

Si cette prévision ne s'avérait pas juste cela signifierait tout simplement que la crise continue et que les perspectives économiques et sociales de nos pays ne s'améliorent pas. Rien de réjouissant donc.



@bpdtrading 2012





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 Sujet du message: Re: Krach obligataire
MessagePublié: 25 Fév 2013 16:37 
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oui je suis de très près le dossier :mrgreen:


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 Sujet du message: Re: Krach obligataire
MessagePublié: 25 Fév 2013 16:58 
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Inscrit le: 09 Jan 2009 17:18
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En gros, une obligation, c'est un chèque, émis par une entité donnée, avec un montant donné et une date à laquelle tu pourras encaisser le chèque (j'omets volontairement les coupons, pour simplifier ; c'est le principer des obligations zéro coupon).

Exemple : un chèque de 110 euros, émis par le trésor allemand, encaissable dans un an, et vendu par l'état allemand 100 € (en gros, tu lui prêtes 100 €, il te rembourse 110). Rendement : 10%. Si d'un seul coup tout le monde panique et préfère avoir des chèque de l'état allemand plutôt qu'autre chose, d'une part, l'état va pouvoir vendre ses chèques de 110 € pour 108 ou 109 € et moi, mon chèque que j'ai acheté hier, je vais pouvoir le revendre, pareil, 108 ou 109 € (rendement vers les 1%) : j'ai fait du +8% en une semaine, avec un placement garanti à 10% sur un an ! Cool !

Mais le jour où cette frénésie d'achat cesse, quelle qu'en soit la raison (finalement, l'état allemand n'est pas si sûr qu'on le pensait, on trouve plus rentable ailleurs sans forcément beaucoup plus de risque, etc.), le prix de vente du chèque va s'effondrer et retomber vers les 100 €, voire plus bas. Krach obligataire, ceux qui ont acheté du 1% garanti sont obligés d'attendre l'échéance pour un rendement très faible ou de revendre avec 10% de moins-value.


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 Sujet du message: Re: Krach obligataire
MessagePublié: 25 Fév 2013 17:52 
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Inscrit le: 30 Déc 2010 23:28
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En définitive quelles sont les pires conséquences possibles d'un tel crac ?


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 Sujet du message: Re: Krach obligataire
MessagePublié: 25 Fév 2013 18:05 
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Inscrit le: 18 Oct 2008 17:55
Messages: 3632
Milogram a écrit:
En définitive quelles sont les pires conséquences possibles d'un tel crac ?

- Taux d’intérêt en hausse pour l'état et donc explosion de la ligne "remboursement de la dette"

- Difficultés pour les compagnies d'assurance et les banques à servir des taux qui suivent le marché, plombées qu’elles sont par du papier antérieur à très bas taux qui de plus se dévalorise

- Appauvrissement des particuliers qui voient la valeur dans leurs relevés de portefeuille obligataire fondre et qui du coup sont moins enclins à consommer etc... etc ...


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