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Deux scénarios pour éviter un krach obligataire
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Publié le 10-08-2016 à 09h57
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Les banques centrales sont à l’origine d’un effondrement des taux d’intérêt à long terme. Un retournement de tendance pourrait venir d’une meilleure conjoncture ou… du pétrole.
Une reprise de l’inflation pourrait enrayer la chute des taux d’intérêt. Mais les marchés y croient peu. © SOURCE : NATIXISUne reprise de l’inflation pourrait enrayer la chute des taux d’intérêt. Mais les marchés y croient peu. © SOURCE : NATIXIS
Les politiques monétaires des grandes banques centrales, qui reposent sur l’évolution des taux directeurs et des quantités de liquidités mises à disposition de l’économie, sont imbriquées. Pas étonnant que les marchés du crédit à moyen et long terme, celui des obligations, le soient eux aussi. Après la crise financière et économique qui a débuté en 2008, chaque institution monétaire est allée dans le même sens en menant une politique d’assouplissement basée sur une baisse des taux et des achats massifs de titres de créances. Un système cohérent, mais qui a provoqué une forte hausse du prix des obligations, et donc une chute de leur taux d’intérêt. La demande de titres est devenue supérieure à l’offre, c’est-à-dire aux besoins d’emprunts des émetteurs. Dès lors que les cours sont à des niveaux élevés, on peut se demander s’il existe une « bulle », une forme « d’exubérance irrationnelle », pour reprendre l’expression d’un président de la Réserve fédérale ; et donc un risque de krach obligataire.
Le plus inquiétant est la déconnexion observée par rapport aux fondamentaux des économies. Aux Etats-Unis, les signaux conjoncturels sont contradictoires alors même que la Réserve fédérale a entrepris la fermeture du robinet monétaire (tapering), dès 2013 dans son discours, et depuis fin 2015 dans les faits. Le cap est fixé, mais les marchés n’ont pas l’air d’y croire. Un fossé se crée dans une ambiance de phase subliminale d’incertitude.
Côté européen et japonais, le tempo n’est pas le même puisque les banques centrales sont engagées dans une accentuation de politiques déjà très expansionnistes. La Banque centrale européenne (BCE) s’est ainsi liée les mains avec son propre quantitative easing jusqu’en mars 2017. Et des politiques de relance budgétaire sont menées, d’où l’abandon du Pacte de stabilité. L’objectif de ce « mix » est de provoquer de la croissance et d’éviter la déflation. Mais là encore, les marchés obligataires y croient peu. L’idée que le rythme annuel d’inflation puisse être supérieur à 1,5 %, même à dix ou trente ans, est sortie des anticipations. La bulle se gonfle encore avec une BCE accrochée à sa politique de « taux négatifs » et des achats de titres qui s’élèvent à 80 milliards d’euros mensuels et comprennent des créances privées.
Quel sera le déclencheur d’un retournement de tendance ? Il peut paradoxalement venir d’une amélioration de la conjoncture alliée à un tapering. Autre scénario : un « choc exogène » provoquant un réveil des prix. On pense à une hausse rapide du cours du pétrole qui est remonté aux alentours des 50 dollars le baril. Certains experts le voient à plus de 100 dollars dès 2018.
Natacha Valla, chercheuse affiliée à la Paris School of Economics, pour Challenges.
http://www.challenges.fr/finance-et-mar ... taire.html