Décollecte du Livret A : la CDC sous pression
Sharon Wajsbrot / Journaliste | Le 29/01 à 07:00
Contrainte par ses ratios prudentiels, la CDC veut sécuriser ses ressources pour maintenir le rythme de ses prêts.
C'est une question qui devient de plus en plus pressante pour la Caisse des Dépôts (CDC), à mesure que les épargnants se détournent du Livret A. Pour respecter les contraintes prudentielles qui lui ont été fixées à l'été 2013, le fonds d'épargne de l'institution doit maintenir ses fonds propres et ses encours d'épargne centralisée à un niveau nettement supérieur à celui de ses prêts octroyés au monde HLM et aux collectivités locales. Pour mémoire, la limite avait été fixée par décret à un ratio de 135 % entre les ressources et les emplois du fonds d'épargne. Problème : les deux dernières années de forte décollecte du Livret A et du Livret de développement durable (17,16 milliards d'euros se sont évaporés depuis début 2014), et le niveau record des prêts accordés par le fonds d'épargne, mettent ce ratio sous tension.
« Dans le scénario le plus défavorable, un niveau de 131 % serait atteint dès 2016 et dans les scénarios moins stressés, le niveau de 135 % serait atteint en 2017 », explique un proche de l'institution. Avant ces échéances, le fonds d'épargne de la CDC pourrait donc faire appel aux encours d'épargne réglementée conservés aux bilans des banques pour compléter ses ressources.
Reste que le sujet suscite de nombreux débats. C'est en effet, selon plusieurs sources, ce qu'a expliqué Pierre-René Lemas, directeur général de la Caisse des Dépôts, lors d'une réunion de la commission de surveillance de la CDC mercredi. « Bercy pourrait remettre en cause le seuil des 135 % pour préserver des marges de manoeuvre aux banques françaises en matière de liquidité », explique un membre de la commission.
Un rôle de vigie
Soucieuse de jouer son rôle de vigie, la commission de surveillance de l'institution a fait valoir « qu'il n'est pas question d'aller au-delà du seuil réglementaire approuvé par le Parlement en 2013 et de mettre en cause le modèle économique du fonds d'épargne », comme le précise un de ses membres. Elle envisage, selon nos informations, de formuler un avis formel au Parlement et à Bercy à ce sujet.
Pour conserver les moyens financiers du fonds d'épargne tout en préservant la liquidité des bilans des banques françaises, d'autres options sont par ailleurs envisagées. « Le fonds d'épargne pourrait renforcer ses émissions ou aller chercher des financements nouveaux auprès de la BEI », explique Marc Goua, député du Maine-et-Loire et président du comité des fonds d'épargne de la commission de surveillance de la CDC.
Sharon Wajsbrot, Les Echos
@Sharonwaj
En savoir plus sur
http://www.lesechos.fr/finance-marches/ ... tor=RSS-39