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La collecte du Livret A s'est effondrée de 83 % en juillet
Par Veronique Chocron | 22/08 | 06:00
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Le placement n'a drainé que 380 millions d'euros le mois dernier.
Ce coup de frein de la collecte est intervenu avant même la baisse du taux de rémunération de 1,75 % à 1,25 %, son plancher historique, entré en vigueur au 1er août dernier. - Photo Sipa
Le bas de laine préféré des Français n'a plus le pouvoir attractif qu'il dégageait l'an dernier à la même époque. En juillet, la collecte nette sur le Livret A - qui comptabilise les dépôts moins les retraits - a nettement ralenti, à 380 millions d'euros, soit une chute de 82 % sur un an, selon des chiffres publiés hier par la Caisse des Dépôts.
Toutefois, sur les sept premiers mois de l'année, la collecte nette reste supérieure à celle de la même période de 2012 : elle atteint 15,53 milliards d'euros (contre 13,29 milliards) grâce à un excellent mois de janvier, qui a vu la collecte atteindre un pic de 8,21 milliards d'euros. Au total, les sommes déposées sur le Livret A se montaient, fin juillet, 2013 à 265,6 milliards d'euros .
Ce coup de frein estival est intervenu avant même la baisse du taux de rémunération de 1,75 % à 1,25 %, son plancher historique, entré en vigueur au 1 er août dernier. « On a constaté un amoindrissement de la collecte dès le mois de mai. On savait que le taux allait baisser. L'effet est dissuasif dans les mois qui précèdent et dans les mois qui suivent une évolution du taux du placement », explique Philippe Crevel, secrétaire général du Cercle des épargnants. « A 1,25 %, le taux du Livret A reste intéressant par rapport aux produits d'épargne concurrents, mais la valeur du taux absolu - qui recule - est parfois plus importante que sa valeur relative, aux yeux des épargnants », note Cyril Blesson, économiste chez Pair Conseil.
Accalmie de la crise financière
Autre explication du ralentissement de la collecte : l'an dernier, à la même époque, le livret d'épargne avait bénéficié de la perspective du relèvement de son plafond, une des promesses phares de François Hollande lors de sa campagne électorale. Or l'impact du relèvement du plafond se dissipe progressivement.
Enfin, l'accalmie de la crise financière aurait un impact. « En période de crise prononcée, les épargnants cherchent la sécurité et se ruent vers le Livret A. Nous sommes peut-être sortis de cette phase, la population est moins rétive au risque, et il y a peut-être eu des arbitrages en faveur d'autres produits d'épargne », avance Cyril Blesson. Pour Philippe Crevel, « la légère amélioration du moral avec quelques signes positifs en matière de croissance pourraient inciter les Français à réduire l'épargne de précaution ». L'économiste fait l'hypothèse que, dans ce contexte, « les Français ont préféré consommer ».
Le Livret de développement durable (LDD) a connu, lui, une évolution inverse. Sa collecte nette a quasiment doublé le mois dernier, à 850 millions d'euros, dépassant ainsi largement celle du Livret A. « Le LDD, distribué de longue date par tous les réseaux bancaires, est traditionnellement un instrument de gestion du compte courant, il sert davantage de vase communiquant », analyse Philippe Crevel.
Véronique Chocron