L'énergie primaire avec laquelle on tire toute la production industrielle et agricole, la construction, les flux logistiques et les transports, est d'origine fossile. L'extraction du pétrole conventionnel décrit typiquement une courbe en cloche: elle augmente exponentiellement, ralentit, passe par un flux maximum, puis elle décroit lentement.
Pour savoir si un pays est en croissance réelle ou non, le relevé de la consommation électrique est souvent un bon indicateur (Cf Delamarche pour la Chine). L'écart entre la croissance industrielle (des biens et des services) et la croissance officielle correspond souvent à une augmentation des en-cours de crédit lié au gonflement de bulles spéculatives.... une croissance gonflée à l'endettement et à la survalorisation des actifs en quelque sorte, qui est rendue possible grâce à la création monétaire illimitée par le crédit.
En aucun cas il ne peut y avoir un effet "cliquet" qui maintiendrait le PIB (hors endettement) à un niveau constant puisque cette production industrielle est totalement dépendante (environ $7000/tonne équivalent pétrole) de la production énergétique qui décrit physiquement une courbe en cloche.
Le débat est de savoir quand sera atteint le niveau mondial du flux maximal de production.
Si c'est dans 50 ans avec un flux de 300 millions de barils/jour, on laissera (cyniquement) aux "autres" le soin de régler le problème, et de ses conséquences sur l'environnement.
Petit rappel: en ce qui concerne le pétrole, Christophe de Marjerie estimait en 2011, à l'assemblée nationale, qu'on ne pouvait pas dépasser 95 millions/jour... On est proche de 93 millions/jour aujourd'hui, c'est à dire a "minuit moins une" de la limite estimée par l'ancien PDG de Total. A voir s'il s'est planté dans ses prévisions...
Après, on peut taper dans les réserves de charbon et de gaz, construire des centrales nucléaires... en attendant qu'une innovation majeure permette de repartir dans un nouveau cycle (je ne parle pas d'un iphone qui tourne 1000 fois plus vite: ça ne fera pas bouger le PIB)... Mais, en attendant, il n'y a rien d'autre..
En revanche, là où ça devient franchement inquiétant, c'est que s'il n'y a pas de solution technologique, ça risque d'être la catastrophe, telle que décrite dans le rapport géostratégique de l'armée Allemande en 2011 dont j'avais mis quelques extraits, ou dans le rapport "The limits to growth".
Evidemment, toutes ces considérations énergétiques passent sous les radars des "économistes", qui, tous sans exception, posent comme hypothèse que les réserves et les flux d'énergie et de matières premières sont égales à l'infini.
Je concluerai par la réplique "tarte à la crème" de Kenneth Boulding: "Celui qui croit qu'une croissance exponentielle peut continuer indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste."