March 24, 2016

Frédéric Lutaud

Qui maîtrise la valeur économique contrôle la production de richesses
et détient donc le pouvoir économique et politique. L’histoire du
salariat et par extension celle de la classe ouvrière est un long
combat pour arracher le contrôle de l’économie à la classe possédante.
Depuis les sans-culottes de la Révolution française, en passant par la
Commune de 1871, jusqu’aux grèves de Juin 1936 et de Mai 1968, ce fut
chaque fois les occasions manquées d’une réappropriation sociale.


Aujourd’hui, les salariés représentent 93% de la population active, ils
produisent la quasi intégralité des biens et services de notre pays.
Même la machine qui automatise la production, c’est encore du travail
humain pour la concevoir, l’entretenir, l’améliorer. Pourtant, sur la
richesse produite collectivement tous les ans, 20 % sont prélevés pour
les profits des actionnaires. L'essentiel de ces sommes sont utilisées
sur les marchés financiers et non réinvesties comme le prétend le
discours dominant. Rien ne justifie que 20% de la valeur ajoutée
marchande échappent au contrôle démocratique de ceux qui la produisent.
Surtout qu’en socialisant l’intégralité de la valeur ajoutée (salaire
et profits) sous forme de cotisations, nous pouvons financer les
salaires et les investissements. [lire socialiser la valeur ajoutée]


C’est d’abord au sein de l’entreprise que se joue le rapport de force
qui permet d’imposer la propriété lucrative. Le salarié est lié à son
employeur par un rapport de subordination. Il lui doit obéissance en
échange de son salaire. S’il est employé, il est donc licenciable,
malgré un droit du travail qui doit le protéger de l’arbitraire de son
patron. C’est ce chantage à l’emploi, surtout en période de chômage de
masse, qui permet de mettre la pression sur les salaires pour dégager
des profits supplémentaires et obliger le salarié à accepter sa
condition. C’est n’est pas le salariat en soi mais cette situation de
dépendance vis-à-vis du marché du travail et dépossession de son outil
travail qu’il s’agit d’abolir. La condition salariale doit s’émanciper
de la propriété lucrative et de son rapport archaïque de subordination
aux propriétaires des moynes de production. Au même titre que nous
avons acquis les droits du citoyen nous devons désormais mettre en
place un droit politique du producteur fondé sur la propriété d’usage
des moyens de production. Le salarié, parce qu’il crée la valeur doit
devenir copropriétaire de son outil de travail et acquérir ainsi un
statut politique de producteur.

Une société de producteurs propriétaires de leurs moyens de
production

La propriété d’usage, c’est la possibilité pour les salariés librement
associés de cogérer l’entreprise en disposant de la création de valeur.
Des milliers de salariés dans les coopératives de production font déjà
l’expérience d’une activité sans actionnaire. Un salarié = une voix.
Par conséquent, une autre organisation du travail doit voir le jour. Un
partage équitable du travail permettra de dégager du temps pour que
chacun puisse prendre part aux décisions de l’entreprise. Chaque
salarié aura en tant que propriétaire d’usage, une voix au conseil
d’administration mais pourra élire ses responsables hiérarchiques et
son patron. L’entreprise devient un siège majeur de l’exercice des
droits : en premier lieu du droit économique, mais aussi du droit à la
culture et au débat politique.


A l’échelle de la société, nous passons ainsi d’une démocratie
représentative (parlementarisme) à une démocratie directe, une économie
pilotée démocratiquement pas la base, une République sociale des
producteurs. La mise en réseau de la société et les principes
collaboratifs liés à l’émergence des nouveaux communs autorisent
parfaitement à imaginer un tissu économique développant une capacité
d’interactions toujours grandissante. Les Grecs se réunissaient dans
l’Agora pour délibérer. Les salariés se réuniront dans l’entreprise. Et
qu’est-ce qu’Internet sinon une Agora planétaire ? Les potentialités du
web, une fois émancipé de ses grandes firmes capitalistes, ouvre des
perspectives infinies pour diriger le tissu économique sur le mode
collaboratif à l’échelle de vastes territoires.


Frédéric Lutaud, mars 2016

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https://www.youtube.com/watch?feature=p ... Vd28#t=276

Comment nommer ce concept?
Le communisme participatif?

Raisonnement complètement utopique.
Si un ouvrier désire devenir propriétaire d'une part de l'entreprise pour laquelle il travaille,
il peut le faire en investissant dans cette société en achetant des parts sociales de celle-ci.
Sinon qui investirait pour créer de nouvelles usines ? Qui acheterait des machines pour perdre une partie de la propriété de son investissement en engageant du personnel ? Personne !

Tous les patrons ne se gavent pas loin s en faut.
Par contre la plupart prennent des risques en gageant leur patrimoine, bossent bien plus que 35 heures semaine, avec peu de congés, sont emmerdes avec des normes comptables, sociales de sécurité et vont se coucher avec le stress.
L ouvrier s imagine le pognon qui rentre, mais n a absolument pas idée de ce qui sort en URSSAF, IS, TVA...
Plutot que de vouloir collectiviser l outil de production, qu on facilite la création d entreprise, et nous verrons combien de nouveaux patrons courageux prêt à s embarquer dans la galère.
Dans les pays du tiers monde on voit des vieux bosser avec le sourire quasi jusqu à la mort, on est bien loin des 35 h, de la retraite à 60 ans voir avant, et des syndicats politiquement instrumentalises.
J ajoute que j ai été ouvrier dans divers industries pendant 7 ans, et ai commence à bosser à 17 ans en travaillant le jour, la nuit,le week-end et les jours fériés (pas en même temps bien sûr) et syndiqué de force à la CGT, je peux vous dire que ça volait pas haut l alcool coulait à flot et la dope circulait en plus chez les jeunes je vois mal ce genre de profils monter des boîtes.
Que ce genre de gars s estime heureux d avoir un employeur qui les paie.

Il redécouvre la recette de l'eau tiède......ou il n'ouvre pas bien les yeux :
Il y en a des millions de "producteurs-propriétaires de leurs moyens de production" chez les artisans, les agriculteurs, les commerçants, les libéraux et les derniers-nés les auto-entrepreneurs. Et ceux-là n'ont pas les garanties du malheureux salarié : pas d'inscription au chômage possible quand ça dérape, plutôt 70 heures payées 32 que l'inverse.
Qu'il tente sa chance le Frédéric Lutaud, les jeux sont ouverts et on l'encourage même sincèrement à essayer.

Il y a une voie intermédiaire sympa, c'est la SCOP. Je connais une boite qui fonctionne de la sorte depuis 20 ans suite à sa faillite, ça marche du feu de Dieu. Evidemment, de l'aveu même du patron (élu ...) il a fallu dégager les fruits pourris de la boite avant d'envisager toute reprise de l'activité, et c'est ce à quoi ton intervention me fait penser.

Les grandes théories participatives c'est bien, mais comme elles émanent la plupart du temps de constructivistes elles ne prennent jamais en compte le facteur humain. On n'est pas tous égaux devant le travail, et certains ont une relation conflictuelle avec lui. Si on envisage la création d'une société dont tous les employés seraient actionnaires à parts égales, avec une partie des gaziers qui bossent comme des malades, une autre partie qui passe son temps à fumer des joints en salle de pause, et un partage égal des bénéfices à la fin de l'année entre les premiers et les seconds, ça ressemble foutrement à une autre forme d'exploitation.

On disait qu'une boîte marche bien quand chacun est persuadé qu'il est seul à tout porter sur ses épaules.

On va quand même pas nous servir du marx réchauffé, sans talent d'ailleurs.
Le vieux barbu avait dit, avec talent, lui, et c'est simple: il faut exproprier ces put1s d'expropriateurs...

Vive l'Internationale...

Ça me rappelle une petite histoire sans prétention que tout le monde connaît je suppose...

En somme, l'idée même de "socialisme" n'est qu'une simple fumisterie...
Vue mon expérience d'ici-bas, je ne suis pas loin de dire amen...