Shenhua a écrit:
C'est amusant : tout le monde s'attendrait a une sortie de la Grèce mais demandez autour de vous qui envisage sérieusement un départ de l'Allemagne...
Spéculer sur un départ de l'Allemagne serait une perspective particulièrement angoissante pour pas mal de gens. Et d'ailleurs, Charles Gave n'est pas sérieux quand il voit cela comme un événement presque anodin.
Quand il dit que l'industrie allemande devra faire un effort de compétitivité, ce qui devrait lui réussir comme d'habitude, il oublie une chose, c'est que l'industrie allemande était au bout du rouleau lorsque nous sommes entrés dans l'euro. Elle était au bout du rouleau parce que dans le régime de changes flottants que nous connaissons depuis 1971, les pays industriels à faible natalité comme l'Allemagne et le Japon se sont retrouvés avec des excédents commerciaux structurels colossaux, qui ont toujours poussé davantage à la hausse le cours de leurs monnaies respectives, poussant leur industrie à toujours davantage d'efforts de compétitivité - donc à travailler toujours davantage - alors qu'en toute logique, des pays à faible natalité donc à faible consommation devraient pouvoir travailler moins pour consommer moins. Raté !
A l'inverse, des pays à forte natalité comme la France, donc fortement consommateurs - par rapport à l'Allemagne notamment - devraient travailler plus pour pouvoir consommer plus, et donc faire des efforts de compétitivité continus, mais dans les faits, une forte consommation génère des déficits commerciaux structurels, lesquels suscitent une dévalorisation rampante de la monnaie nationale. L'euro a été institué beaucoup trop tard. C'est en 1971 qu'il aurait fallu passer à l'euro, et pas en 1999 !
Passons le sujet de la compétitivité industrielle.
Ce qui m'a vraiment fait bondir, c'est de lire qu'une bonne dévalorisation de disons 50% nous remettrait instantanément sur les rails, et permettrait - retour de la croissance aidant - de dégraisser les services publics. Une dévalorisation initiale de 50% aurait en pratique des conséquences cataclysmiques, avec une ruée des gens dans les magasins comme en Biélorussie pour se débarrasser de ses euros avant de subir de plein fouet les effets de cette dévaluation sur tous les biens importés. Ruée sur les pompes à essence également. Après quoi le pays se retrouverait à l'arrêt, le choc inflationniste étant beaucoup trop violent pour être supportable.
Evidemment, quand on passe ce genre de choses sous silence, il devient beaucoup plus facile d'envisager 'sérieusement' un départ de l'Allemagne. Ce n'est pas beaucoup plus 'sérieux' que de garder la tête sous le sable, mais cela a le mérite d'ouvrir le débat. Très clairement, on va droit vers l'hyper-inflation. Et après ? Eh bien après, c'est un autre sujet.