La BCE lance ses prêts à taux négatifs pour les banques
Guillaume Benoit Le 22/06 à 07:00Mis à jour à 09:26
La BCE lance ses prêts à taux négatifs pour les banquesLes banques vont pouvoir emprunter gratuitement, voire à taux négatif, auprès de la Banque centrale européenne.
Elles doivent en contrepartie développer leurs prêts à l’économie.
TLTRO. Sous ce sigle assez hermétique se cache l'un des moyens d'action sur lesquels compte la Banque centrale européenne pour faire repartir l'économie et l'inflation en zone euro. Ce dispositif, qui repose sur un plan géant d'opérations de refinancement ciblées de long terme à destination des banques reste pourtant assez méconnu. « Par rapport au "mammouth" que représente le programme d'assouplissement quantitatif (QE) de la BCE, l'effet des TLTRO est plutôt sous-estimé par le marché, constate Frederik Ducrozet, chez Pictet Wealth Management. Mais, même si elle ne suffira pas à elle seule à faire repartir le crédit en zone euro, cette action peut se révéler très efficace. »
Concrètement, l'institution monétaire va ouvrir aux banques des pays de l'Union monétaire des lignes de financement à 4 ans, à des conditions très avantageuses. A charge pour ces dernières de renforcer leur offre de crédit à l'économie et d'en améliorer les taux, afin que particuliers et entreprises puissent relancer investissement et consommation. Une première initiative de ce type a été menée à partir de juin 2014. Les établissements bancaires européens ont ainsi emprunté 425 milliards d'euros. BNP Paribas, par exemple, a participé à hauteur de 14 milliards d'euros au taux de 0,15 % en décembre 2014.
Mais l'opération qui va être lancée ce mercredi pourrait bien battre des records. « Nous nous attendons à une demande brute très élevée, car les conditions sont extrêmement attractives pour les banques », souligne Patrick Jacq, chez BNP Paribas. En effet, ces financements ne coûteront rien aux établissements qui y auront recours. « Dans le pire des cas, le taux qui s'applique à ces lignes sera le taux de refinancement de la BCE, soit 0 % », explique Frederik Ducrozet. Car - c'est une particularité de cette nouvelle version du TLTRO - le coût de ces financements sera calculé au moment du remboursement. Si, pendant une période de référence de deux ans, les banques ont augmenté leur portefeuille de prêts d'au moins 2,5 %, le taux applicable sera alors le taux de dépôt, qui depuis mars dernier est fixé à -0,40 %. « Cela correspond à une forme de subvention pour les banques, d'autant que cet objectif de croissance devrait être assez facile à atteindre, poursuit Frederik Ducrozet. En outre, contrairement à l'exercice de TLTRO précédent, il n'y a pas de pénalités pour les établissements qui ne joueraient pas le jeu. »
Dépôt des demandes jeudi
De quoi laisser anticiper une demande forte pour cette manne qui devrait permettre aux banques de compenser en partie l'effet de la politique de taux négatifs de la BCE sur leurs marges. En outre, les risques liés au Brexit - une hypothèse qui pourrait fragiliser le secteur bancaire - devraient pousser ces dernières à profiter de cette source de financement. Elles devront en effet déposer leurs demandes jeudi, alors que le référendum battra encore son plein. Enfin, les banques centrales nationales, qui relaient l'action de l'institution de Francfort, ont déjà pris des contacts depuis plusieurs semaines avec les banques commerciales pour préparer leur demande.
Au minimum, le montant brut demandé devrait représenter 400 milliards d'euros. « Pour que l'opération soit pleinement considérée comme un succès, il faudrait que les montants levés atteignent 450 milliards d'euros voire plus », estime pour sa part Frederik Ducrozet. En deçà, l'effet escompté sur l'économie ne sera pas le même et, trop au-delà, ce serait un signal un peu inquiétant sur la nervosité des établissements européens.
Guillaume Benoit, Les Echos
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