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Entre stimulus et réforme, la Chine sur une voie étroite
Gabriel Gresillon / Correspondant à Pékin | Le 10/06 à 18:44 | Lu 760 fois
La banque centrale chinoise s’engage diminuer réserves obligatoirement confier institutions crédit.
La banque centrale chinoise s’engage à diminuer les réserves que doivent obligatoirement lui confier certaines institutions de crédit. - TEH ENG KOON / AFP
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Les autorités viennent d’annoncer de nouvelles mesures ciblées au plan monétaire. Pas question de répéter les erreurs du passé.
Tout à sa doctrine du « mini stimulus », Pékin vient d’annoncer un nouveau geste ciblé destiné à doper les capacités de crédit de certaines institutions financières. La banque centrale chinoise (PBOC) a publié un communiqué, lundi soir, par lequel elle s’engage à diminuer les réserves que doivent obligatoirement lui confier certaines institutions de crédit. Il s’agit de diminuer le taux de réserves obligatoires de 0,5 point de pourcentage pour certaines des banques commerciales qui « accordent des prêts en territoire rural et aux petites entreprises ». Sont également concernées, des sociétés de crédit, en particulier dans le secteur de l’automobile. La mesure doit prendre effet dès lundi prochain. D’après les calculs des analystes chinois de Dongbei securities, elle devrait permettre d’injecter dans l’économie environ 150 milliards de yuans (un peu plus de 17 milliards d’euros).
Cette annonce des autorités centrales s’inscrit dans la droite ligne du « réglage fin » qu’elles tentent d’appliquer à l’économie. En matière budgétaire comme monétaire, elles ont décidé de soutenir l’activité économique afin d’éviter que le ralentissement en cours ne devienne trop inquiétant. Mais elles refusent d’agir à l’arme lourde. Déjà, en avril, la banque centrale avait annoncé un assouplissement concernant exclusivement les banques rurales . Puis, fin mai, c’était le gouvernement central qui avait promis un nouveau geste dans la même direction, ciblé sur les institutions finançant prioritairement l’économie rurale et les PME . Les annonces de lundi soir en sont la concrétisation.
Cette voie médiane illustre l’étroitesse de la marge de manœuvre dont disposent les autorités chinoises pour faire face au coup de frein actuel. Au premier trimestre, la croissance ne s’est établie qu’à 7,4%, et tous les signaux conjoncturels étaient au rouge à la fin de l’hiver. Comme les années précédentes, Pékin a donc décidé d’agir pour éviter un coup de frein trop brutal. Mais en tirant les leçons du plan de relance massif décidé à l’automne 2008, qui s’était officiellement établi à 4.000 milliards de yuans, mais a consisté, en réalité, à injecter dans l’économie des montants de crédit bien supérieurs. Depuis 2008, le taux d’endettement global de l’économie a explosé, passant de 150% à 246% du PIB à la fin 2014, selon les calculs de CLSA. Des pans entiers de l’industrie sont minés par les surcapacités. D’où la volonté de Pékin d’éviter un relâchement monétaire trop massif : le crédit risquerait précisément d’aller financer généreusement des secteurs qui ont besoin, au contraire, d’être restructurés.
Le pouvoir chinois continuera-t-il à résister au chant des sirènes qui plaident pour des mesures de relance plus fortes ? C’est ce à quoi l’exhortent les institutions internationales. La semaine dernière, le FMI et la Banque mondiale ont tous deux mis l’accent sur l’urgence, pour la Chine, de se réformer. Ce qui implique, pour le pouvoir, de tolérer une croissance moindre. C’est donc un test politique qui est posé à la Chine : celui de la capacité de son système à tolérer une expansion économique plus lente sans craquer.
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http://www.lesechos.fr/monde/0203554416 ... 1Cbf2ae.99