Puisque tu m'en parles... La collection est à la fin mais je n'ai pas eu le coeur de couper trop rudement l'extrait.
(Lao-Tseu) "enseigne l'inaction, la passivité parce que « la direction et le juste chemin » pour chaque homme sont prescrits du plus profond moi et que par la quête, la recherche et l'action, il engendrerait seulement la discorde et le malheur. L'Inde est contre toute action parce qu'elle n'exerce aucune influence sur l'être métaphysique de l'homme. Des âmes fondamentalement différentes sont à l'oeuvre ici. Débattre de l'égalité des « bons humains » devient un crime. Il est mille fois plus beau et plus sublime de voir avec quelle richesse d'âme nous sommes venus au monde, comment, en de multiples endroits de la terre, diverses âmes agissent pour s'exprimer en balbutiant. C'est une grande faute de vouloir intervenir ici en étranger importun et d'essayer d'effacer les contrastes. Une tentative de collaboration et de fusion d'âmes et de races différentes, conduite sur une grande échelle, a rarement donné quelque chose de plus beau. La plupart du temps, les valeurs se sont étiolées. Par exemple, les missionnaires enthousiastes partant pour l'Inde et la Chine pouvaient avoir les intentions les plus élevées possibles, le fait est qu'ils n'ont pourtant fait que gêner un développement propre. De même, nous devons nous défendre quand aujourd'hui des hommes viennent et commencent à se moquer de l'essence des grands d'Occident tandis qu'ils affirment que l'exemple de l'Inde, de la Chine, serait la meilleure aide pour que nous, les pauvres Européens égarés, puissions nous redresser. Quelle que soit la beauté des paroles de Jajnavalkya, quel que soit le charme des accents de Lao‑Tseu, si nous les écoutons durablement, nous sommes moralement perdus. Soit nous suivons notre route, soit nous tombons dans le chaos, la rage, l'abîme. Nous savons que nous allons dans une direction : le désir de tendre vers la lumière, de sortir des ténèbres, des liens terrestres vers un éternel inconnu. Mais, que ce soit du point de vue moral ou métaphysique, nous ne nous contentons absolument pas de savoir que nous avons pris le même chemin. Ce qui nous intéresse c'est le comment de notre sentiment et de notre pensée. Le Chinois possède une histoire en mille volumes. En réalité, ce n'est pas une histoire, mais une chronique événementielle. Tout paraît important au conteur jusqu'au plus petit détail. L'Hindou n'a accordé à cette temporalité aucune véritable attention. Sa mémoire n'est pas une vraie chronique, ni davantage une histoire. Ce sont seulement des légendes, des chants, des hymnes. Ni l'un, ni l'autre n'a cherché à évoluer. L'un n'a pas compris du tout le développement de la personnalité, qu'elle soit celle d'un homme ou celle d'un peuple ; l'autre le regarde comme une apparence, donc sans importance. Puis le Germain apparaît dans l'Histoire mondiale. II fait le tour de la terre, découvre des milliers de mondes, effectue des fouilles, malgré la chaleur tropicale, et met au jour des cités antiques oubliées depuis bien longtemps. Il cherche des poèmes, des châteaux légendaires ; il déchiffre avec une indicible peine des rouleaux de papyrus, des hiéroglyphes et des inscriptions sur des tessons de terre cuite. Il examine des fragments de mortiers et des pierres millénaires. Il apprend toutes les langues du monde, vit parmi les Boschimans, les Indiens, les Chinois et met au point une théorie sur les multiples âmes de peuples. Il voit la technique, l'industrie, la philosophie, la morale, l'art et la religion d'origine des espèces les plus différentes grandir et devenir des oeuvres de nature dissemblable. Il comprend la personnalité car lui‑même en est une. Il aborde les peuples en fonction de leurs actions, c'est‑à‑dire comme des forces psychiques façonnées, expression d'une volonté propre. Il ne s'intéresse pas spécialement aux faits et gestes des hommes, mais aux forces intérieures qui déterminent ces actes. Une mode essaya longtemps de comparer les Chinois et les Allemands parce que les deux peuples seraient possédés de la soif de collectionner et de répertorier : cette comparaison est très superficielle. Il ne faut pas juger un peuple sur quelques particularités isolées, mais sur ses oeuvres. Et là, nous voyons le Chinois demeurer un archiviste, tandis que l'Allemand est un maître de la science historique (pour autant que l'on puisse utiliser ce mot) et de la philosophie, c'est‑à‑dire que la collection est tantôt un but, tantôt un moyen. La finalité est dans un cas une accumulation, dans l'autre, une conception du monde. Et là réside la différence." Le mythe du XXe siècle, Alfred Rosenberg, Livre premier Le combat des valeurs, III Mystique et action, 8.
_________________ "L'air marin est fortifiant" (Napoléon, Sainte-Hélène) "bio et zéro insécurité" (Seznec, Guyane) "Ma vie de province, au calme, bouffant merveilleusement bien, je ne la changerais pour rien" (Numismachin, dans le Lot)
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