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La Bundesbank va retirer son stock d'or de France
Par Jean-Philippe Lacour | 15/01 | 17:53
La banque fédérale allemande compte rapatrier une partie de ses réserves d'or dans le monde, répondant aux critiques de la cour fédérale des comptes. Près de 400 tonnes stockées à Paris seront retirées, en plein cinquantenaire du Traité d'amitié franco-allemand.
AFP
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L'annonce risque de ne pas plaire à Paris au moment de célébrer le cinquantenaire du Traité d'amitié franco-allemand de l'Elysée. La Bundesbank doit annoncer qu'elle entend retirer des coffres de la Banque de France les tonnes d'or qui y sommeillent sous bonne garde, pour les rapatrier à Francfort. L'information éventée par le quotidien allemand « Handelsblatt » a été confirmée aux Echos.
La banque fédérale allemande n'entend certes pas infliger un quelconque camouflet à on homologue parisienne. Il s'agit de réagir à un vif débat soulevé à l'automne dans le pays suite aux exigences de la Cour fédérale des comptes à l'égard de la « Buba », pour qu'elle mette en place une nouvelle gestion de ses réserves d'or. Des retraits progressifs à l'étranger vont aussi concerner la Réserve fédérale (Fed) américaine.
Sous la pression, la Bundesbank avait révélé à l'automne la répartition des 3,4 millions de réserves d'or nationales détenues dans le monde. Elles représentent une valeur de 145 milliards d'euros, selon l'arrêté à fin novembre. 1.536 tonnes (45%) sont stockées dans les coffres de la Fed à New-York et 374 tonnes à la Banque de France (11%), le tout sans qu'aucun frais ne soit prélevé.
500.000 euros par an
En revanche, 450 tonnes (13%) logeant à la Bank of England lui sont facturées 500.000 euros par an. Enfin, seul un tiers des réserves (31%), soit 1.036 tonnes, dorment à Francfort. La Cour fédérale des comptes avait dernièrement émis des doutes sur l'authenticité de ces données, arguant qu'elles n'étaient pas régulièrement contrôlées. Cela ne fait pas partie des usages entre banques centrales, avait répondu la Bundesbank, qui a toujours affiché une confiance aveugle dans l'intégrité et la sécurité des dispositifs de stockage des banques centrales étrangères.
L'Allemagne veut pourtant mettre fin, en partie, à une répartition des réserves d'or qui date de la guerre froide. Il avait alors été décidé de répartir celles-ci chez les pays alliés de Berlin. Depuis, le rideau de fer est tombé et, de surcroît, Paris a aussi adopté la monnaie unique. Il en résulte que la Bundesbank a davantage intérêt à stocker son or dans des places de marché internationales, où l'or peut -au cas où -lui servir de monnaie d'échange contre l'obtention de devises. « Il n'y a plus aujourd'hui de raison impérative de stocker de l'or à Paris », affirmait déjà en octobre dernier Carl-Ludwig Thiele, membre du directoire de la Bundesbank, dans une interview à la Bild Zeitung.
Francfort compte aussi rapatrier 50 tonnes d'or par an de New-York dans les trois prochaines années. Elle avait déjà rapatrié 930 tonnes de Londres au début des années 2000. Ce faisant, la Bundesbank va rééquilibrer ses détentions d'or dans le monde. Elle va imiter la Banque nationale du Venezuela, qui a rapatrié depuis 2011 des réserves d'or nationales stockées dans des banques en Europe et aux Etats-Unis.