Ferdinand Lip :
« En janvier 1975, la première vente aux enchères d’or a eu lieu. 2 millions d'onces ont été vendus. En juin de la même année, une deuxième vente aux enchères a eu lieu avec 1/2 million d’onces vendues.
En août 1975 et dans un geste supplémentaire en vue de démonétiser l’or, le groupe des 10 principaux pays industrialisés (G10) et la Suisse ont décidé que les réserves officielles de liquidités du G-10 et du FMI ne devaient pas être augmentées. Au contraire, il a été décidé que le stock d'or du FMI devait être réduit de 50 millions d'onces, dont 25 millions d'onces devaient être vendues sur une période de quatre ans. La première vente aux enchères a eu lieu le 2 juin 1976 et la dernière le 7 mai 1980.
Mais l'or a été plus fort. Après avoir atteint un creux à 103,50 $, il a entamé un mouvement de hausse historique, atteignant un niveau de 430 $ l’once en septembre 1979.
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Le marché des actions en plein essor était-il le coupable ? Après une période inflationniste qui a persisté pendant 36 ans, l'inflation aux États-Unis a atteint un sommet en 1981. Les matières premières et les taux d'intérêt atteignant de nouveaux sommets. Les obligations ont été l'achat préféré d'une génération. En 1982, le plus grand marché ‘bull’ des actions commença, transportant le Dow Jones Industrial Average (DJIA) d'environ 800 à plus de 11.000, ce qui représente un gain d'environ 1.400 %.
Au cours de cette période, beaucoup de restructurations d’entreprises eurent lieu. La tendance vers la mondialisation du marché des actions créa un environnement très favorable pour les actions. Celles-ci sont devenues extrêmement populaires et des milliers de nouveaux fonds communs de placement ont été créés. Les premiers signes d'une manie, provoquant la plus grande chute brutale en une journée dans l'histoire de la bourse américaine eu lieu en octobre 1987. Le recul fut cependant de courte durée et une politique monétaire agressive a aidé à récupérer le terrain perdu. À partir de là, le public en était venu à croire que la tendance déflationniste ne durerait pas éternellement et que, afin de préserver leur capital, il valait mieux placer ses économies dans le marché des actions plutôt que dans tout autre actif.
Ces développements ont été très défavorables pour les investissements en métaux précieux. Au moins jusqu'en 1999, la plupart des prix des matières premières avaient atteint un plus bas, puis ils se sont mis à récupérer, laissant présager l’arrivée d’un nouveau cycle inflationniste. C'était plus apparent dans les prix du pétrole brut, qui avait atteint un minimum en décembre 1998 et avait plus que triplé entretemps.
Alors qu'un environnement déflationniste avec une bourse en plein essor n'est certainement pas l’idéal pour une demande or, il est néanmoins difficile de comprendre la faiblesse de son prix tout au long de la décennie. La quasi-totalité des raisons pour lesquelles le marché boursier était haussier pouvaient tout aussi bien être considéré positif pour l'or. Il y avait des liquidités abondantes dans le système et la dévalorisation de la monnaie était encore d’actualité. Un prix de 400 $ à 450 $ semblait parfaitement justifié, compte tenu de la perte du pouvoir d'achat que le dollar avait subi depuis la seconde guerre mondiale. En outre, et contrairement aux années 80, la demande d’or a commencé à dépasser l’offre des mines nouvelles au début des années 1990.
Les raisons suivantes aident à expliquer en partie le comportement des prix de l'or :
1. Le désinvestissement en or des portefeuilles, en particulier ceux des banques suisses, jusqu'à ce que la plupart d’entre eux ne contiennent plus d’or ;
2. Un environnement économique déflationniste ;
3. Le boom de la bourse, faisant des actions un concurrent important ; et
4. L'immense porte-à-faux et les ventes/locations d'or de la part des banques centrales.
5. Un changement démographique dans la propriété de l’or. Celui-ci étant le placement préféré des personnes âgées. Quand ces gens meurent, leurs héritiers revendent l'or ; un développement qui a probablement eu lieu en France également.
Alors que les premières, secondes et cinquièmes raisons sont des faits, les deux autres points sont peu susceptibles de résister à une analyse sérieuse. Cependant, il n'y a aucune raison pour que l’or ne performe pas dans une période où le cours des actions est en hausse, bien que la hausse des marchés boursiers soit toujours interprétée comme le résultat de l'efficacité du système des monnaies fiduciaires. Les forces qui ont un effet positif sur les actions, comme la politique de l'argent facile et l’offre de monnaie abondante, devraient également être positifs pour l'or.
Cela laisse le coupable n°4, les banques centrales. Cette raison n'est pas entièrement satisfaisante. Nous devons la prendre en compte car les banques centrales sont d’importants détenteurs d'or. Cependant, le pourcentage de leurs stocks d’or par rapport au stock d'or mondial a diminué et continue à diminuer. Avant 1971, tout or nouvellement miné, non travaillé en bijoux, entrait dans les coffres des banques centrales. Depuis cette date, les banques centrales sont devenues vendeuses net, mais à un faible niveau.
Cependant, le rôle des banques centrales comme vendeurs a constamment été exagéré. La plupart de leurs ventes, qui sont habituellement traitées par la BRI, se retrouvèrent dans les coffres d’autres banques centrales. Les ventes d'or avaient la plupart du temps un effet négatif, plus en raison du bruit médiatique dommageable concomitant qu’en raison de la quantité de métal offert. Les Banques Centrales deviennent aussi de moins et moins une menace, car il y a eu une augmentation importante d’or dans les mains privées. Quelque chose qui reste encore vrai aujourd’hui. Alors qu'il y a 50 ans, 70 % de l'or mondial était détenu par les banques centrales, aujourd'hui leur part est inférieure à 25 %.
Ferdinand Lip – Gold Wars - p.123 (2001)