Pour en revenir sur le graphe jaune, c'est à mon avis le plus parlant. C'est pour moi, en quelque sorte, le pourcentage de couverture de la monnaie mondiale en circulation par de l'or (même si celui n'est pas dans les banques centrales). Dommage qu'il ne remonte pas plus loin dans le temps, j'aurais aimé avoir des données depuis 1950, mais j'ai fait avec ce que j'ai trouvé.
En gros, je fais une sorte de frise chronologique sur ce graphe :
Jusqu'en 1970, Bretton Woods joue à plein et l'or vaut 35$ de l'once. Sauf qu'à partir de 1965, les américains commencent à imprimer des tas de dolalrs non couverts par de l'or pour financer la guerre du Vietnam. Ce qui vaudra l'allocution célèbre de De Gaulle sur l'or :
http://www.youtube.com/watch?v=YoFJB6LDdHI&feature=player_embeddedEn demandant de voir ses dollars remboursés en or, De Gaulle oblige les américains à casser la parité fixe 35$ pour une once d'or.
En 1970, l'once d'or vaut toujours 35$ mais la masse de $ imprimée sans couverture va amener ceci à exploser. La ratio Or/M3 est alors à 4%. Sans avoir les chiffres, durant Bretton Woods, j'imagine à la louche qu'il devait être plutôt à 10%.
En 1970, on est donc dans une situation similaire à 2000, où le ratio de couverture est au plus bas.
Là dessus, en 1971, Nixon décroche le $ de l'or. Et c'est parti pour la grande inflation des années 70
L'inflation galope, surtout avec les deux chocs pétroliers, et les gens commencent à paniquer. Le ratio Or/M3 monte à 30% en 1980 tant les gens fuient le papier monnaie. Les dirigeants commencent à craindre une explosion du système monétaire. Cf ce film des années 80 qui en dit long sur la peur de voir le système littéralement exploser dans un gigantesque run mondial sur la banque :
http://www.youtube.com/watch?v=KUsj7EdZigM&feature=player_embedded Arrive alors Paul Volker, la remontée ultra violente des taux de la FED, et la grande désinflation, les prix de l'or retombent violemment jusqu'à s'équilibrer à un ratio à 7% entre 1988 et 1995.
C'est là que les banques centrales décident de supprimer définitivement l'or dans l'esprit des gens et d'en détruire le prix. Ils font en sorte de créer une bulle sur le papier gras en quelque sorte que l'on va voir monter depuis les années 90.
C'est là, entre autres, que Gordon Brown va vendre l'or de l'Angleterre pour faire baisser les cours par exemple :
http://www.youtube.com/watch?v=xSSpav83LWY&feature=player_embeddedDe même, le Washington Agreement est mis en place pour coordonner la suppression du prix de l'or par les banques centrales.
Ainsi, grâce à ce stratagème, le ratio arrive à être maintenu en dessous de sa valeur historique jusqu'à atteindre 4,5% en 2001. L'idée étant de désintéresser les gens de l'or, de leur "décontaminer" le cerveau pour qu'ils ne s'intéressent plus qu'au papier cul que fabriquent les banques centrales et la finance structurée de Wall Street et la City.
En 2001, l'orgie de papier de la bulle actuelle commence. Mais l'or suit et reste à un ratio de 5%.
A partir de 2005, la situation devient intenable et le bouchon du prix de l'or n'arrive plus à être maintenu au même niveau alors que l'eau du M3 grimpe et que la pression grimpe sur le bouchon. Et on est parti pour le grand réajustement du prix de l'or. Aujourd'hui, le ratio est revenu à 8%, qui était justement son point d'équilibre dans les années 90...
Maintenant, est-ce qu'on peut monter plus haut ? C'est alors de la spéculation sur une éventuelle bulle. Chacun se fera sa petite idée.
Surtout que l'inconscient collectif des gens joue grandement. L'or vaut pour ce que les gens pensent qu'il vaut. Comme il n'a pas de rentabilité propre et ne produit aucune rente, sa valeur est purement psychologique. Donc, de là à imaginer ce que les gens lui accorderont comme valeur à l'avenir, ce n'est pas évident. Mais j'ai quand même dans l'idée qu'on sort d'une bulle psychologique sur le papier gras et que dans les années à venir, les gens vont vouloir plus de solide, du concret, du tangible... Typiquement, les PER auxquels se vendaient les actions depuis plusieurs années étaient largement au dessus de leur moyenne historique. Les gens étaient prêts à payer plus cher pour du papelard que ce qu'ils payaient historiquement. Il faut se remémorer tout de même la montée en puissance des ouineurs de Wall Street, des golden boys, des écrans BFMesques qui clignotent de partout, et toute l'armada de propagande qui va alors se mettre en place pour fourguer du papier gras à l'ouvrier de General Motors...