... dans un duché dit de Luxembourg.
Puteaux : les 102 lingots d'or de la maire Joëlle Ceccaldi-Raynaud (Les Républicains)Le 16 octobre 2008, 20 lingots d'or d'un kilo. Le 27 octobre, 30 lingots. Le 11 novembre, 30 autres... Ce n'est pas une scène de «Goldfinger», le film de James Bond racontant le braquage de Fort Knox, la réserve d'or américaine.
Jeudi soir, le site Médiapart a révélé des documents livrés l'an dernier à la justice française par le duché du Luxembourg. Ces documents embarrassants pour la maire, réélue triomphalement en juin dernier, sont depuis un an sur le bureau du juge d'instruction Jean-Michel Bergès au TGI de Nanterre.
« Luxembourg, 16 octobre 2008, raconte Médiapart. Un mystérieux personnage pénètre dans un discret hôtel particulier du boulevard Emmanuel-Servais, qui abrite le siège de la Banque privée Edmond de Rothschild. Sa mission : vider l'ancien compte secret de la maire Les Républicains (LR) de Puteaux, Joëlle Ceccaldi-Raynaud, désormais au nom de sa fille. Le caissier remet à l’individu 180 000 euros en liquide et 20 lingots d’un kilo d’or ».
Selon ces documents, il n'a fallu que dix allers-retours, certains espacés de quelques jours, pour clore le compte, le 23 avril 2009.
Au total, ce sont 2,86 millions d’euros qui ont été récupérés : 865 300 euros en liquide et le reste sous forme de 102 lingots d’or, d’une valeur de 2 millions à l'époque. Aucune trace d'un quelconque héritageEn 2011, lorsque l'existence de ce compte avait été révélée par le Canard Enchaîné, Joëlle Ceccaldi-Raynaud, alors en guerre avec son père Charles, évincé de la mairie qu'il avait dirigée pendant 35 ans, avait d'abord envoyé les employés municipaux acheter la plupart des 600 exemplaires de l'hebdomadaire sur le territoire de la commune.
Sur fond de soupçons de pots de vin, dans le marché de la chaufferie de la Défense, la députée (jusqu'en 2012), ancienne suppléante de Nicolas Sarkozy dans la 6e circonscription du département, admet l'existence de ce compte, ouvert en 1996 selon le Canard Enchaîné, assurant que l'argent lui venait de sa grand-mère. Elle affirme que l'argent a été transféré vers une autre banque luxembourgeoise puis légalement rapatrié en France. Selon Médiapart : les enquêteurs n'ont pas trouvé trace de cet héritage. Et les visites discrètes à la banque Rothschild contredisent un peu le scénario de la régularisation.
Depuis 2002, cinq juges d’instruction se sont succédé dans l'affaire du chauffage de la Défense, dont il n'est pas prouvé qu'il ait alimenté ce compte rebondi. Deux fois, le dossier a été clôturé, deux fois la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Versailles a ordonné sa réouverture. En 2004, la mairie, les bureaux du père, qui était encore sénateur, et de la fille, à l'Assemblée nationale, avaient été perquisitionnés. A ce jour Charles Ceccaldi-Raynaud est mis en examen, sa fille est témoin assisté. Le premier a toujours accusé la seconde d'avoir touché des dessous de table dans cette affaire. Le 10 novembre 2008, il avait écrit au juge d’instruction de l’époque. « Se doutant que je vais vous informer, Joëlle Ceccaldi est en train de faire vider son compte au Luxembourg », dénonçait-il. L'information semblait exacte.
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