Vendredi 2 Mai 2014
Des métaux encore plus précieux que l'or
Simone Wapler, rédactrice en chef de l'Investisseur Or & Matières
Les platinoïdes sont les métaux qui appartiennent au groupe du platine de la classification de Mendeliev : platine, palladium, osmium, iridium, rhodium...
Ils sont précieux, le platine vaut plus cher que l'or ; ils sont également vitaux pour certaines applications industrielles.
Le principal débouché industriel des platinoïdes (platine et palladium) se trouve dans le secteur automobile.
Pour schématiser, disons que le palladium se destine aux marchés des pots catalytiques des pays émergents et du diesel tandis que le platine est plus demandé pour les moteurs à essence des pays riches.
Récemment, le développement des piles à combustible qui démarre rapidement grâce à Hyundai et Toyota, procure un nouveau débouché au platine.
Pourquoi parler des platinoïdes maintenant ?
A cause de la Russie, gros exportateur et fournisseur des Occidentaux et parce qu'un marché tendu se profile.
Si tel était le cas, le cours du platine pourrait renouer avec ses cours de 2010, soit plus de 20% de progression à l'horizon.
Graphique Platine
Ceux du palladium se sont déjà bien repris, la croissance du parc automobile des pays émergents étant dynamique.
L'Afrique du Sud et la Russie assurent 80% de l'approvisionnement mondial en platine et palladium, les deux plus importantes variétés, utilisées comme catalyseurs par l'industrie automobile.
La production sud-africaine (45% de la production mondiale et qui devance donc celle de la Russie) est paralysée par une grève qui dure depuis plus de deux mois.
L'annexion de l'Ukraine par la Russie a entraîné quelques sanctions commerciales de la part de l'Occident. L'industrie a craint que Poutine n'utilise une restriction des exportations de platine et palladium entre autres mesures de rétorsion.
Quand l'Afrique du Sud pèse sur la production
Pour le moment, il ne semble pas que cela soit le cas : le prix du platine ne s'est pas emballé, celui du palladium ayant plus réagi.
Habitués des grèves à répétition (Afrique du Sud) ou des impérities économiques (Zimbabwe), les clients, prévoyants, se sont constitué des stocks tampons, d'où probablement le peu de réactions des prix.
Mais la grève des mineurs sud-africains s'enlise.
"Il semble qu'il n'y ait pas beaucoup de place pour un compromis. Les minièresne peuvent pas payer plus, car la productivité a baissé, les mines étant plus profondes avec la raréfaction des filons de surface. Les coûts ont progressé, mais la productivité n'a pas suivi (...) Ces quarante dernières années, l'Australie et le Canada ont connu une révolution de la mécanisation minière, mais l'Afrique du Sud en est restée à ses vieilles méthodes nécessitant beaucoup de main-d'oeuvre..."
"Nous avons réduit notre exposition à l'Afrique du Sud... Nous préférons remplacer notre production pardes mines situées dans d'autres juridictions, y compris, le Pérou, le Ghana et l'Australie", Nicholas Holland, directeur général de Gold Fields, un groupe minier impliqué en Afrique du Sud, 28 mars 2014
Le problème des platinoïdes est que les gisements sont plus rares que les champs aurifères.
Ce qui n'est pas déterré en Afrique du Sud ne se retrouve pas nécessairement ailleurs.
Donc si la grève s'enlise, il y aura moins d'offres et les prix vont monter.
Du fait de l'inertie de l'industrie minière, même si les hausses de salaire étaient accordées, il faudrait maintenant trois mois pour reprendre le rythme de production selon le producteur local Implats.
Trois mois durant lesquels Poutine pourrait être tenté de serrer sournoisement son robinet... Accrochez-vous à vos platinoïdes !
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