tout arrive ....
il leur a fallu 5 ans pour arriver à cette conclusion ? en 2009 on l'avait déjà la solution ....
http://www.lesechos.fr/journal20131015/ ... 617503.phpCiter:
Pas de sortie de crise sans euthanasie des rentiers
Par Jean-Marc Vittori | 15/10 | 06:00 | 22commentaires
Pour guérir d'un excès de dettes, un endettement encore plus grand est une impasse. Des économistes cherchent d'autres solutions, qui passent par l'impôt ou le défaut. Dans les deux cas, l'épargnant est le perdant.
Pas de sortie de crise sans euthanasie des rentiers
Un drogué peut-il lutter contre une overdose avec un shoot encore plus puissant ? Evidemment non. Un ivrogne contre le coma éthylique en ouvrant une nouvelle bouteille ? Pas plus. Une économie contre un excès de dettes en empruntant encore plus ? Sans doute pas… sauf que les gouvernants des pays avancés racontent aujourd'hui le contraire. Cinq ans après avoir connu une terrible crise de surendettement, le monde occidental serait aujourd'hui reparti sur la voie de la croissance avec une dette encore plus élevée (à l'exception notable de l'Allemagne). Le fardeau dépasse pourtant désormais deux années de PIB. La faute à la dette publique, bien sûr, mais aussi à la dette privée. Dans un pays comme la France, la dette des entreprises et des particuliers a augmenté de 30 points de PIB en une décennie - autant que celle de l'Etat.
Au risque de se répéter, il n'y a que quatre moyens de se débarrasser de ce satané excès de dette. Le premier est la croissance, qui donne des moyens supplémentaires pour honorer ses engagements. Mais elle est plombée, à la fois par le fardeau financier, les destructions de capital humain et physique provoquées par la crise et des gains de productivité amoindris. Le deuxième est l'inflation, qui érode la valeur réelle de la dette et de son service. Mais le surplomb de dette freine les prix et les banques ont trop besoin d'argent pour faire circuler les énormes quantités fabriquées par les banques centrales. Sans oublier le vieillissement de la population, qui induit une préférence accrue pour une stabilité des prix préservant l'épargne. Le troisième moyen est la rigueur. On se serre la ceinture pour rembourser. Mais, à trop serrer, on risque l'étouffement, comme l'a montré l'histoire de l'Europe ces trois dernières années. Reste alors… le défaut.
Au début de la crise, il relevait de l'impensable - et de l'impensé. Le défaut était certes dans le champ du possible pour un particulier ou une entreprise, mais pas pour un Etat développé. La sphère financière a mobilisé tous ses canaux d'influence - déclarations publiques de dirigeants, lobbying dans les coulisses, doctes analyses d'économistes - pour expliquer qu'un défaut public mettrait par terre tout le système bancaire, et qu'il était donc inconcevable. Que le contribuable paie ! Le contribuable a donc payé. Et, tout en affirmant l'impossibilité du défaut, les banques privées s'y sont préparées en se délestant des obligations venant d'Etats jugés fragiles, tombées d'une manière ou d'une autre dans le giron public (symétriquement, les Etats ont adopté de nouvelles réglementations contraignant les banquiers à conserver des montagnes d'obligations publiques dans leurs bilans).
Malgré tout, trois défauts d'Etat ont eu lieu. Après des négociations homériques, les investisseurs privés ont dû accepter de perdre plus de 100 milliards d'euros en Grèce. Ils ont subi une restructuration de la dette en Irlande, d'une telle complexité qu'elle a échappé à la plupart des observateurs. Et à Chypre, les détenteurs de comptes bancaires ont été proprement ratiboisés sur leurs encours au-delà de 100.000 euros. Le défaut est désormais dans le paysage. Il est même envisagé pour la première puissance financière du monde ! A vrai dire, rien de neuf sous le soleil. Keynes avait envisagé le défaut pour la France des années 1920, surendettée par la guerre, avant de préconiser finalement l'inflation. A l'époque, le salut vint de la croissance…
Un défaut d'Etat a toutefois deux coûts majeurs. D'abord, le failli ne trouve plus de prêteur, au moins pendant un certain temps. Ensuite, une faillite pourrait déclencher un effet domino dans un système bancaire trop enchevêtré pour être lisible. Du coup, les économistes cherchent d'autres solutions, d'autres façons de voir. Dans un article académique paru le mois dernier, signé notamment par le prix Nobel 2011 Thomas Sargent, des chercheurs de la New York University et de Princeton ont bâti un modèle où le niveau de la dette publique n'a parfois aucune importance. Tout dépend des inégalités de revenus et de détention de la dette publique. « Pendant les récessions accompagnées d'inégalités accrues, il est optimal d'accroître les impôts, les transferts et la dette publique », estiment ainsi les auteurs.
Les experts du FMI sont aussi en quête. Dans leur dernier « Moniteur des finances publiques » titré « Taxing Times », ils explorent systématiquement les hausses d'impôt envisageables pour ramener les pays développés vers des trajectoires budgétaires soutenables. Ils recommandent une hausse de la TVA, un impôt inventé par la France, qui pratique un taux moindre que nombre de ses voisins. Ils estiment aussi qu'il y a de la marge pour l'impôt sur les patrimoines et sur le revenu des plus aisés. La France a ici moins de champ, les 10 % les plus aisés payant 54 % des impôts sur le revenu et cotisations contre 35 % en moyenne dans les pays avancés. Le FMI envisage enfin, dans un petit encadré logé après la conclusion, une taxe exceptionnelle de 10 % sur le patrimoine privé des Européens (net d'emprunts). Dans un article publié en 2011 , deux consultants du BCG, David Rhodes et Daniel Stelter, envisageaient un prélèvement analogue, de 11 à 30 % selon les pays. Keynes, lui, avait évoqué en 1926 un prélèvement général sur le capital. Ici, l'impôt n'est plus très éloigné du défaut. Pour sortir vraiment de la crise de la dette, il n'y a pas d'autre solution qu'une nouvelle euthanasie des rentiers. Elle reste à venir.
Jean-Marc Vittori