Mardi 2 décembre 2014
La mine du futur sera-t-elle dans l'espace ?
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Cher lecteur,
Les marchés hésitent et se cherchent après les derniers chiffres de la consommation américaine. Mathieu Lebrun vous mettait en garde dans Agora Trading contre un certain risque – ou plutôt un risque certain – de surchauffe sur les marchés :
Sur les marchés, à Wall Street tout d'abord, je vous parlais en fin de semaine dernière de la progression assez impressionnante d'Apple ces dernières semaines. Eh bien le fait est que le titre plongeait de plus de 6% tout à l'heure à l'ouverture (et se stabilise à -2/3% depuis).
Mais alors qu'Apple a effacé en quelques minutes l'ensemble de ses gains des deux dernières semaines, cela montre la dangerosité de ce genre de situation excessive.
Plus largement sur les indices US, si la baisse de ce lundi confirme les premiers signes de fébrilité apparus vendredi soir comme un avalement baissier sur le Russell 2000 ou une belle mèche haute sur le Dow Transport, pour autant, pas d'emballement.
Il va donc nous falloir être prudents dans les séances qui viennent pour ne pas risquer de se laisser prendre dans une tourmente baissière.
NetObserver
Mais prenons un peu de hauteur ! Nous poursuivons aujourd'hui notre exploration spatiale en nous intéressant aux richesses de l'univers. Et quand je parle de richesses, ce n'est pas uniquement en termes scientifiques puisque les astéroïdes pourraient nous fournir de l'or, du platine, des terres rares et même de l'eau d'ici une décennie. Cela vous paraît être de la science-fiction ? Et pourtant non. L'espace pourrait être notre nouvelle frontière économique. Explications dans la suite de la Quotidienne.
Bonne lecture et à demain,
Cécile Chevré
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La mine du futur sera-t-elle dans l'espace ? Cécile Chevré
Puisque nous n'avons plus les ressources suffisantes pour assurer notre croissance et notre développement technologique, c'est très simple... il suffit d'aller les chercher ailleurs.
Quel est cet ailleurs ? L'espace bien sûr.
Certains envisagent très sérieusement d'exploiter les ressources de l'univers pour nous fournir en terres rares, métaux précieux et autres matières indispensables à notre monde contemporain
Oui, cher lecteur, cela paraît complètement fou mais certains envisagent très sérieusement d'exploiter les ressources de l'univers pour nous fournir en terres rares, métaux précieux et autres matières indispensables à notre monde contemporain.
Certains d'entre vous, qui ont les pieds bien ancrés sur terre, me diront peut-être qu'avant d'aller chercher des métaux à des milliers de kilomètres au-dessus de nos têtes, on pourrait tenter de mieux gérer les ressources qui sont déjà à notre disposition, voire apprendre à réduire nos besoins pour les ajuster aux réserves disponibles. Et vous n'auriez évidemment pas tort, cher lecteur, mais il se trouve que ce n'est pas une opinion unanimement partagée. Malheureusement, ajouterais-je.
Certains d'entre vous, passionnés de nouvelles technologies et persuadés que l'Homme peut repousser de nouvelles limites, seront fascinés par la signification de cette entreprise, nouvelle frontière pour notre économie. Et souligneront que l'univers est peut-être notre seule option pour la survie de notre espèce.
Je vous laisse choisir votre camp !
Passons maintenant au concret. Car oui, concret il y a.
Les infinies richesses de l'univers Exploiter les richesses de l'univers n'appartient donc plus uniquement au domaine de la science-fiction. Créée en 2010, la société Planetary Resources a pour objectif affiché –depuis 2012 – l'exploitation des ressources minières des astéroïdes, et ce dans un futur plutôt proche.
La société a réussi à attirer des investisseurs prestigieux comme Larry Page, PDG de Google, et James Cameron, réalisateur du larmoyant Titanic.
1 500 astéroïdes seraient aussi "facilement" accessibles que la lune, et leur sous-sol recéleraient d'importances ressources en terres rares, en platine, en or et même... en eau
Leur site Internet nous en apprend plus sur leurs stellaires ambitions. 1 500 astéroïdes seraient aussi "facilement" accessibles que la lune, et leur sous-sol (mais peut-on vraiment parler de sous-sols dans le cas d'astéroïdes ?) recéleraient d'importances ressources en terres rares (ces métaux qui sont indispensables à la plupart des nos technologies contemporaines, comme les écrans tactiles, les batteries pour smartphones et autres appareils portables, batteries pour voitures électriques ou encore les panneaux solaires), en platine, en or et même... en eau.
Effectivement, nombre de ces matières sont menacées de pénurie à court/moyen terme. Pour le cas de l'eau potable, je vous rappelle ainsi qu'elle représente moins de 3% de l'eau de notre planète et que sur ces 3%, seuls moins d'1% est réellement exploitable (le reste étant contenu dans des glaciers ou des ressources souterraines inaccessibles).
Certains s'inquiètent donc d'une pénurie à court terme, sous l'effet conjugué de la hausse de la demande non seulement humaine mais aussi et surtout agricole et industrielle. Nous sommes de plus en plus nombreux sur Terre à rêver d'un hamburger pour notre déjeuner (voire même aussi à notre dîner), or ces veaux, vaches et cochons, il faut bien les nourrir et les abreuver. Les besoins en eau étant croissants, nous sommes aujourd'hui confrontés à un problème crucial d'approvisionnement... La solution viendra-t-elle de l'espace ?
En novembre 2013, un rapport du Centre commun de recherche européen pointait du doigt un risque important de pénurie de 8 métaux stratégiques pour la période 2020-2030
Même problème pour les terres rares. En novembre 2013, un rapport du Centre commun de recherche européen pointait du doigt un risque important de pénurie de 8 métaux stratégiques pour la période 2020-2030. Des métaux indispensables aux nouvelles technologies de l'information mais aussi aux énergies alternatives mais aussi pour les voitures hydrides et électriques. Parmi ces 8 métaux, 6 sont des terres rares : le dysprosium, le néodyme, le praséodyme, l'europium, le terbium et l'yttrium.
A ces 8 métaux critiques, il faut en ajouter 4 autres "quasi-critiques", à savoir le platine, l'indium, le graphite et le rhénium.
Les astéroïdes, des mines au-dessus de nos têtes Les astéroïdes pourraient fournir une réponse à cette pénurie prévue et programmée. Ces objets célestes sont formés de roches, de métaux mais aussi de glace d'eau sous des proportions plus ou moins importantes. Leur classification reflète d'ailleurs cette composition.
Les astéroïdes de type C, les plus courants, sont essentiellement formés de carbone et pourraient contenir environ 22% d'eau. Les astéroïdes de type S, principalement composés de silice, contiennent du fer et du nickel. Enfin, les astéroïdes de type M, ou métalliques, sont essentiellement composés de fer et de nickel et pourraient en outre receler des métaux précieux et des terres rares.
Cette dernière catégorie intéresse tout particulièrement les tenants de l'exploitation minière spatiale. Plusieurs études estiment qu'un astéroïde métallique d'un diamètre d'1 km pourrait contenir 2 milliards de tonnes de nickel et de fer, soit l'équivalent de la production mondiale de fer en 2011. Pour Planetary Resources, un astéroïde d'un diamètre de 500 m pourrait contenir à lui seul autant de platinoïdes que ce que nous avons extrait des entrailles de la Terre depuis le début de leur exploitation. On comprend que ce potentiel quasi-illimité fasse rêver.
Autre avantage, la plupart de ces ressources sont situées en surface des astéroïdes ce qui laisse entrevoir une exploitation minière à ciel ouvert.
Reste que la probabilité de trouver des terres rares et des métaux précieux reste inférieure à celle de tomber sur des réserves de fer dont les besoins actuels sont bien inférieurs à l'offre. Une intense phase d'analyses et de repérages va donc être nécessaire pour envisager concrètement une exploitation minière.
La course à la mine Planetary Resources n'est pas la seule entreprise privée à s'être lancée dans l'entreprise. En décembre 2013 se créait la société Deep Space Industries, américaine elle-aussi, avec des objectifs à peu près similaires.
La Nasa elle-même a déclaré étudier plusieurs projets d'exploitation minière des astéroïdes. En 2012, elle a ainsi mis sur place le projet Robotic Asteroid Prospector destiné à examiner la faisabilité de l'exploitation minière des astéroïdes, d'un point de vue aussi bien technique que financier.
Verrons-nous dans les années qui viennent des mineurs dans l'espace ? Réponse dès demain dans la Quotidienne !
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