Inqualifiable a écrit:
Enfin, je ne sais pas ce qui se passe dans les bois mais quand j'observe autour de moi il me semble voir je vois de + en + d'activité d'abattage, des petites parcelles qui sont "nettoyées", coupées à blanc... De plus, le cours serait quelque peu manipulé pcq les chinois y mettent apparemment le grain de sel:
http://www.rtbf.be/info/economie/detail_comment-les-chinois-pillent-les-forets-wallonnes?id=7984749.
C'est un sujet complexe, sur lequel on lit beaucoup de choses... pas toujours vraies. Mon analyse, pour la France en tout cas, est la suivante :
1) La Chine a beau avoir de la forêt, elle en a peu en pourcentage (18 % du territoire) et veut monter à 20 %. Donc, effectivement, elle se comporte en "ogre industriel", en prenant son approvisionnement ailleurs. Remarquez bien que l'autres stratégie, plutôt que d'importer les grumes, est d'acheter ou de construire des usines de transformation dans le monde entier, ce que les chinois font
aussi. C'est inévitable, vu que la Chine fabrique pour le monde entier, il lui faut énormément de bois. Mais, si cette demande chinoise peut être très très prégnante dans certains pays (Russie, pays de l'Est...), pour la France la situation est plus contrastée :
2) on pointe beaucoup du doigt les Chinois. Mais ça fait des années que la France exporte beaucoup de grumes, et ça s'est renforcé depuis la crise de 2008. Donc, ça montre surtout et avant tout une filière bois française qui n'arrive pas à transformer son bois de manière compétitive.
3) il faut distinguer feuillus et résineux. En 2011, la Chine représentait pour la France 80 % des exportations de chêne, 44 % de hêtre, mais seulement 6 % des résineux. La situation est donc bien plus marquée pour les feuillus.
4) attention aux explications simplistes, notamment sur le faible coût de la main d'oeuvre chinoise. Concernant les résineux, les principaux pays qui importent à partir de la France sont l'Espagne, l'Italie, la Belgique, l'Allemagne, l'Autriche... Ce sont des pays à coût de main d'oeuvre comparable à la France. Mais les scieries allemandes ou autrichiennes sont énormes, hyper productives et déjà largement amorties... difficile de lutter pour les scieries françaises. Et pas seulement les sciages, mais aussi les produits transformés à partir de sciages, notamment les BMR (bois massifs reconstitués), les lamellés-collés. Ces produits en provenance d'Allemagne ou d'Autriche arrivent en France, transport, marges et taxes compris, moins cher que le prix de revient d'un fabricant français !
5) autre explication simpliste : ne pas confondre la cause et la conséquence. La filière feuillue en France périclite depuis des années, en France. Petites scieries peu compétitives, pertes de débouchés (ameublement, qui s'est tourné très massivement vers l'importation et les meubles en panneaux ; mais aussi les traverses de chemin de fer, remplacées par des traverses bétion alors que c'était un débouché complémentaire très utile au scieur de feuillus, les parquets, qui passent au stratifié, etc.). Au contraire, la forêt française est très majoritairement feuillue, avec les chênes en n°1, le hêtre en n°2. On a donc un très fort déséquilibre offre/demande sur le feuillu : offre forestière pléthorique, demande industrielle en baisse. C'est en bonne partie parce que la filière feuillue française périclite, et se trouve donc incapable d'acheter et de transformer les feuillus, que les propriétaires et exploitants exportent les grumes. Il se trouve que la Chine est l'acheteur, mais ça aurait pu être un autre.