Les investisseurs s'écharpent autour de la dette du Liban
Les échos d il y a 3 semaines.
Surendetté, le pays du Moyen-Orient doit faire face à un remboursement obligataire en dollars le 9 mars prochain. Le FMI a été appelé à la rescousse. Une restructuration semble inévitable, mais les créanciers étrangers ne sont pas d'accord sur la stratégie à adopter.
Tout juste trois semaines. C'est le temps qui reste au Liban avant de devoir rembourser 1,2 milliard de dollars d'obligations qui arriveront à échéance le 9 mars. Ou, si le pays ne peut faire face à ses engagements, de se retrouver en défaut . La menace est sérieuse. Beyrouth ploie sous une dette de plus de 90 milliards de dollars, soit autour de 170 % de son produit intérieur brut.
La capacité du Liban à honorer son prochain remboursement paraît de plus en plus improbable. L'économie locale est asphyxiée par la dépréciation de la monnaie et par les tensions politiques. Et le pays a vu ses réserves de change fondre, malgré une politique officieuse de contrôle des devises. La semaine dernière, les obligations à échéance mars 2020 sont ainsi tombées à 74 % de leur valeur faciale, un plus bas historique pour cette souche. Pire, celles qui arriveront à échéance en avril ne s'échangeaient plus qu'à 40 %.
Marchés pessimistes
Les prix ont un peu remonté depuis, mais le taux d'intérêt des obligations dues en avril est encore supérieur à 100 %. Autrement dit, les marchés sont certains que la dette libanaise va devoir être restructurée. Il y a quelques semaines encore, cette perspective n'était pas particulièrement effrayante pour Beyrouth. La dette du pays, y compris celle libellée en dollars, était principalement détenue par les banques locales. Ces dernières avaient donc plutôt intérêt à ne pas se montrer trop drastiques dans leurs futures discussions avec l'Etat
Mais, en janvier, les établissements bancaires libanais ont commencé à vendre avec une décote supplémentaire leurs obligations internationales à des investisseurs étrangers. Une façon de se procurer des dollars, denrée devenue rare sur le marché intérieur. De nouveaux créanciers ont donc fait leur entrée, attirés par la perspective d'un gain en cas de remboursement intégral des titres. Parmi eux, des fonds spécialisés dans la dette décotée, comme Greylock Capital Management ou Mangart Capital Advisors.
Ces derniers ont monté un groupe rassemblant plusieurs investisseurs étrangers, y compris des gérants plus traditionnels, afin d'entamer des discussions avec le gouvernement sur les différentes options. Mais, selon le « Financial Times », des dissensions ont déjà vu le jour entre les créanciers. Le quotidien raconte que le mois dernier, un dîner organisé à Londres par Bank of America pour ses clients a été le théâtre d'affrontements verbaux, notamment entre le représentant d'Ashmore, spécialiste des marchés émergents, et celui du géant de la gestion obligataire, Pimco.
Intérêts opposés
Ashmore, qui possède 1 milliard de dollars d'obligations du Liban, dont près de 300 millions en obligations mars 2020, est sur une ligne dure. Il exige d'être payé rubis sur l'ongle le mois prochain. Quitte à retarder un défaut inévitable et, à terme, aggraver la situation selon le représentant de Pimco, qui aurait accusé son homologue de faire payer son pari audacieux sur la dette libanaise aux autres investisseurs. Les créanciers risquent donc d'avancer désunis. Le nouveau gouvernement , pour sa part, a fait appel au Fonds monétaire international pour lui demander des conseils techniques sur la gestion de cette crise de la dette.
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