Désolé j’ai découvert vos questions que récemment.
guerrin a écrit:
Je comprend mieux votre discours Yannick, vous nous focalisez sur la baisse depuis 2011.
...
Quelqu'un pourrait m'expliquer ce qu'il s'est passé en 2011 sur le gris car cette hausse ne colle pas avec votre théorie.
Folie collective ou étroitesse du marché? Comment se fait-il que des professionnels (revendeurs ou producteurs) du secteur soient toujours aussi haussiers?
Quelle théorie aurais-je ? Je ne vois pas de quoi vous voulez parler me concernant.
Les exagérations sont la marque des marchés (dans les deux sens). Pourquoi en 1999-2000 le NASDAQ, le S&P500, le CAC40 , etc. se sont envolés alors que les entreprises cotées ne pouvaient pas espérer de bénéfice avec 10 voir 20 ans pour certaines ? Pourquoi des millions d’américains n’ayant pas le sou ont cédé aux sirènes des subprimes ? Pourquoi des gens soi-disant instruits et friqués ont confié leur épargne à Madoff alors que personne sur le marché ne faisait de rentabilité à 2 chiffres ? Etc. la liste est longue ...
Sur ce sujet les œuvres de l’honorable Gustave Lebon (Psychologie des Foules) permettent d’éclairer la réflexion sur la capacité des mouvements de foule à culminer dans la folie.
guerrin a écrit:
Et si la production de gris a beaucoup augmenté, sa consommation aussi. Et expert comme il me semble que vous le soyez (et c'est un compliment)
Comme le montre ce graphique (source des données Silver Institute) l’offre depuis 1995 surpasse la demande (indice 1 en 1995).
guerrin a écrit:
vous savez très bien qu'au cours des 50 dernières années une quantité phénoménale d'argent a été définitivement perdue par l'industrie justement en raison de son bas prix. L'argent a toujours été peu économiquement recyclable, à part concernant les pièces et la photographie argentique (bien sûr, en rachetant les pièces à spot -30% jusqu'en 2004/2005 environ). Et bon nombre de pièces en argent d'avant les années 80 ont fini en fils de soudure ou autres alliages et composants industriels. Cf les +/-2 milliards d'onces de pièces d'argent de la banque centrale américaine qui n'existent plus maintenant.
L’agent fait partie des métaux les mieux et les plus recyclés. Depuis 1955 en moyenne 200 millions d’once sont remises sur le marché chaque année.
Lire :
Recycling Rates of Metals - A Status Report (UNEP, 2011- ISBN: 978-92-807-3161-3)
Dans les applications industrielles, l’électronique, et bien sûr la bijouterie/argenterie/ monnaies/jetons,est l’argent est considéré comme étant un métal recyclé à un niveau élevé (voir Table E1. de l’étude).
guerrin a écrit:
Il n'y a pas longtemps que la production de gris dépasse légèrement sa consommation, je parle depuis les 50 dernières années. Êtes vous au moins d'accord sur ces faits ou allez vous trouver des chiffres sortis de votre chapeau?
Je n’ai pas de chapeau mais des sources.
Ma source sur l’argent est le Silver Institute. Les données y sont accessibles à tous. Avec un petit effort de recherche on obtient ce graphique mettant en perspective le prix de l’argent avec le solde entre offre et demande (surplus et déficit) par année depuis 1970 :
C’est à dire que factuellement l’affirmation «
ll n'y a pas longtemps que la production de gris dépasse légèrement sa consommation, je parle depuis les 50 dernières années » est fausse. Le phénomène est, comme pour toutes les matières premières, cyclique. Et la production a été aussi souvent excédentaire que déficitaire par rapport à l’offre. Ceci est normal. L’ajustement se faisant par les stocks et les prix.
guerrin a écrit:
Ce qui fait le prix est certes lié à l'offre et la demande, cependant le coût d'extraction est très bas par rapport à l'or, c'est essentiellement cela la raison de son prix, d'autant que le coût d'extraction d'une once d'argent dans une mine de cuivre zinc plomb est insignifiant pour ladite mine, qui parfois revend son once à 5$ à des compagnies de "streaming". En attendant, beaucoup de mines d'argent vendent leur argent à perte. Donc l'argent est actuellement moins cher à acheter qu'à produire.
D'accord ou pas?
Le coût unitaire d’extraction doit prendre en compte tous les coûts. Ils sont définis dans une norme dite AISC (All-In Sustaining Costs). Pendant longtemps les analystes et les minières nous ont leurrés avec le seul Cash costs qui ne considère que les charges directes d’exploitation.
Le rapport 2019 de Fresnillo (n°1 mondial pour la production d’argent) précise pour les principales mines d’or et d’argent de l’entreprise ces AISC :
Dès lors en en faisant la moyenne par métal et en rapprochant ces montants du prix moyen de l’or et de l’argent en 2019 on obtient une idée des marges sur chaque métaux.
Donc l’affirmation «
le coût d'extraction est très bas par rapport à l'or » est fausse et l’hypothèse «
c'est essentiellement cela la raison de son prix » également.
Les chiffres nous donnent toutes les réponses à nos questionnements, il suffit d’aller les chercher.
Bonne soirée