Ceci c'est pour la Belgique. Qu'en est-il en France ?
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07:21 - 21 août 2014 par Philippe Galloy
L'épargne soumise à des taux d'intérêt négatifs
Vu les frais bancaires, le client ordinaire des banques subit des taux virtuellement négatifs, même sans tenir compte de l’inflation.
Les formules tarifaires des grandes banques actives en Belgique (ici BNPP Fortis) engendrent dans beaucoup de cas un taux d'intérêt virtuellement négatif sur l'épargne.
Bon nombre de clients des banques belges paient ces dernières pour qu’elles gardent leur argent. C’est la conséquence de la récente glissade des taux d’intérêt à des niveaux historiquement faibles sur les comptes d’épargne, alors que les frais bancaires restent quant à eux fixes.
D’après les calculs de "L’Echo", un client d’une des quatre plus grandes banques belges qui dispose d’une épargne de 10.000 euros et recourt aux services bancaires ordinaires peut se voir appliquer un taux d’intérêt virtuel allant de - 0,02% à - 1,60% sur son argent placé en banque, selon l’institution financière et la formule tarifaire choisie.
Ces taux pourraient même être encore plus négatifs, de l’ordre de - 0,36% à - 1,94%, si l’on tenait compte de l’inflation, qui s’est établie à 0,34% le mois dernier. Mais notre simulation se borne à calculer les taux virtuels en fonction des frais supportés et des intérêts perçus.
BNP Paribas Fortis, Belfius, KBC et ING Belgique se partagent environ 70% du marché belge. Or, les quatre plus grandes banques du pays proposent depuis cet été des taux d’intérêt historiquement bas sur leurs comptes d’épargne. Simultanément, ces banques appliquent des frais bancaires élevés à leur clientèle. Par conséquent, à moins de disposer d’une épargne importante, bon nombre de clients subissent des taux d’intérêt réels négatifs auprès de leur banque.
Nous avons retenu l’hypothèse d’un client disposant de 10.000 euros sur son compte d’épargne et titulaire d’un compte à vue ordinaire. Les comptes sélectionnés ne sont pas des formules exclusivement sur internet ni destinées uniquement aux jeunes, deux créneaux où il est encore possible de trouver des comptes sans frais bancaires mais qui ne concernent pas la majorité du public. Notre sélection comporte en outre au moins une carte de crédit de type Visa ou MasterCard, indispensable de nos jours pour régler certains achats, comme des repas au restaurant, des réservations d’hôtel ou encore du shopping sur internet.
Dans 10 des 12 formules tarifaires testées, il apparaît que les taux d’intérêt virtuels, qui tiennent compte à la fois des revenus de l’épargne et des frais bancaires, sont négatifs. Seules deux hypothèses mènent à des taux positifs signifiant que le client ne perd pas d’argent dans sa relation bancaire. Mais dans ces deux cas, il n’en gagne pas beaucoup non plus, les taux étant de 0,04% et 0,05%…
Taux positif… à 20.000 euros
En outre, les hypothèses retenues partent du principe que l’épargnant laisse ses 10.000 euros sur son livret pendant toute l’année, sans toucher à aucun moment à ce capital, sans quoi il perdrait la prime de fidélité, ce qui lui enlèverait encore de 0,10% à 0,15% de rendement selon la banque.
Logiquement, les clients qui subissent les taux les plus négatifs sont ceux qui s’exposent aux frais bancaires les plus élevés, à savoir principalement ceux qui ont opté pour des formules tarifaires donnant accès à des cartes de crédit autorisant le prélèvement de montants plus importants. Par exemple, les cartes Silver, Gold et Platinum de KBC comportent un plafond d’utilisation de 2.500 euros, 5.000 euros et 7.500 euros respectivement. Les gros utilisateurs des cartes de crédit sont donc plus exposés aux taux négatifs.
Par ailleurs, le montant de l’épargne peut faire varier fortement le taux d’intérêt virtuel du client bancaire. Ainsi, dans les formules tarifaires que nous avons retenues, l’épargnant qui parvient à garnir son livret de 20.000 euros au lieu de 10.000 euros échappera dans la plupart des cas aux taux d’intérêt négatifs. Un tel montant d’épargne n’est toutefois pas à la portée de tous, alors que l’utilisation des comptes bancaires et des cartes de crédit est devenue économiquement indispensable.
Enfin, l’offre bancaire est bien plus large que la douzaine de tarifs retenus ici: même au sein des quatre grandes banques, il est possible d’obtenir des formules meilleur marché voire sans aucun frais. Mais dans la plupart de ces cas, le client devra se contenter de gérer ses opérations bancaires uniquement par internet, c’est-à-dire sans pouvoir passer en agence, ou ne bénéficiera pas de carte de crédit. Toujours est-il que l’épargnant qui souhaite réduire ses frais bancaires est en mesure de le faire, pour autant qu’il accomplisse les démarches nécessaires.
Et c’est là que le bât blesse. "Beaucoup de clients préfèrent payer quelques euros en plus et éviter les tracas liés à un changement de compte ou de banque", explique Julien Manceaux, économiste chez ING Belgique. "Or, il est toujours possible d’avoir des services gratuits, mais sans guichet le plus souvent, chez des banques plus petites mais qui offrent les mêmes garanties que leur maison mère, comme Hello Bank pour BNP Paribas Fortis ou Record Bank pour ING."
L’économiste rappelle aussi que "des banques en ligne étrangères ont parfois aussi de meilleurs rendements mais ne bénéficient pas de la garantie de l’État belge mais bien de celle de leur pays d’origine en cas de difficultés". Par exemple, Deutsche Bank Belgique tombe sous le coup de la garantie allemande et Rabobank.be est soumise au régime de garantie néerlandais. Chaque formule bancaire a donc ses avantages et ses inconvénients.
http://monargent.lecho.be/epargner_et_i ... source=SIM