Le prix du coton explosehttp://www.affaires-strategiques.info/s ... rticle408118 octobre
Vendredi 15 octobre était un jour historique.
Le coton, en valeur absolue, n’avait jamais été aussi cher depuis 1870. Un concours de circonstance a créé un important déséquilibre entre l’offre et la demande, provoquant une explosion du marché. Les industries textiles sont inquiètes. Les agriculteurs osent enfin espérer, après des années de difficultés.
C’est une année à part pour la culture du coton. Avec ses 1.1980 dollars, la livre a atteint son plus haut niveau depuis la guerre de Sécession. En relativisant, et en tenant compte de l’inflation, les records de 1918 et 1973 ne sont cependant pas atteints. Reste qu’une aussi brusque envolée des prix est plutôt rare dans l’histoire de cette matière première. En un mois, le cours a pris 30% de sa valeur,
en douze mois, la hausse est de 75%. Alors que le coton était en crise en 2008, pourquoi 2010 lui fait retrouver ses couleurs ?
L’année 2010 a été mauvaise pour les récoltes dans la plupart des gros pays producteurs. La Chine, l’Inde et surtout le Pakistan ont subi de graves inondations et le Brésil a, lui, enduré une sécheresse. Malgré de bons résultats, les récoltes des autres poids lourds du marché n’ont pas suffi à compenser le déficit. Outre les problèmes météorologiques, le marché du coton était peu dynamique ces dernières années et stagnait à des prix qui n’encourageaient pas la production. Est donc arrivé le moment où les réserves n’ont plus été suffisantes et les cours se sont envolés. La situation en a surpris plus d’un et les stocks mondiaux ont même été revus à la baisse un mois après la publication des chiffres, passant de 45.4 millions de balles à 44.7. Ce serait le plus bas niveau depuis 14 ans. Or, cette carence tombe au mauvais moment puisque les économies reprennent doucement le chemin de la croissance après la récession mondiale. La Chine redevient gourmande en or blanc pour son industrie textile : ses importations ont doublé par rapport à 2009. Et le coton devenu rare se négocie à prix d’or.
D’autre part, les pays à la fois producteurs et consommateurs restreignent leurs exportations pour conserver des stocks. Résultat : les prix augmentent encore un peu plus. L’Ouzbékistan, par exemple, troisième exportateur mondial, a dû limiter ses exportations afin de garder un peu de matière première pour son industrie textile. La situation dans certains pays devient très préoccupante. Le Pakistan, qui n’a récolté que 11.6 millions de balles au lieu des 14 prévues, doit importer en urgence du coton d’Inde, qui a, de son côté, plafonné ses exportations. Du coup, les prix à Karachi explosent.
Cette flambée du marché mondial, qui ne semble pas vouloir s’éteindre, fait rêver certains petits producteurs. Au Brésil, les cultures de maïs sont délaissées au profit du coton, alors que l’inverse prévalait ces dernières années. En Afrique de l’Ouest, on se réjouit du boom actuel. Malgré tout, la chute des prix au milieu des années 2000 avait laissé bon nombre de petits agriculteurs sur le carreau. Beaucoup de sociétés ont vu leur bilan passer dans le rouge et, même si les prix remontent, il faudra un certain temps pour combler les dettes accumulées.