Fred92 a écrit:
Milogram a écrit:
De même pour changer la couleur des contrevents.
C'est là que s’opposent deux logiques.
D'un coté, on va te dire que c'est pour préserver l’esthétique du bâtiment et son intégration dans le site au milieu des maisons de tes voisins. C'est donc pour préserver l'intérêt général.
D'un autre coté, tu es sensé être maître chez toi et y faire ce que tu veux.
Malheureusement, le droit de propriété est un droit dit
relatif et la pleine jouissance de ton bien n'est qu'une illusion.
Je comprends que l’intérêt public soit défendu. Par exemple, la com com me pompe l'air pour que je mette aux normes le traitement de mes eaux usées.....Dans ce cas, j'admets que l'intérêt général puisse me contraindre.
Mais, les règlements qui imposent jusqu'à la forme des tuiles ou la couleur des volets m'indisposent.
S'il y avait eu une demande de permis de construire obligatoire il y a 10 000 ans, nous habiterions toujours dans des grottes, vu que les maisons dégradent le paysage.
Tous ces règlements débiles sclérosent notre pays et tuent dans l’œuf toute velléité d'originalité et d'innovation.
Et pour faire appliquer cette ribambelle de règlements, il faut bien des nuées de fonctionnaires.
Ces gens travaillent réellement.
Mais leur travail ne sert à rien ou est néfaste.
La boucle est bouclée.
Fred92
deux logiques : l'intérêt général et ta volonté à toi
mais tu mélange là aussi deux domaines : l'intérêt général en matière esthétique et l'intérêt général en matière d'équipements (ici ta fosse sur laquelle tu reste sceptique)
pff Tu as bien raison d'évacuer la question des eaux usées
(pff, ces jeux de mots !) car on convient assez vite que la santé de l'habitant et de ses voisins soit importante.
Si tu trépigne en disant
"c'est chez moi, j’fais ce que j'veux" tu te réfère au droit romain d’ « usus _
fructus _
abusus » droit d’user et d’abuser : « charbonnier est maître chez lui ». On a cependant introduit des restrictions à ce droit d’abuser : tu as le droit de détruire ta maison, sauf si tu mets en péril les maisons mitoyennes, tu n’as pas le droit de couvrir en chaume ta maison qui pourrait faire crâmer les maisons mitoyennes, tu peux laisser pourrir ton mur sauf s’il risque de s’effondrer sur les passants, etc…. Le bail de location que tu signe te donne un large droit d’usage sur une propriété, mais on ajoute la notion qui peut paraître ridicule d’user « en bon père de famille » qui est une restriction à l’abusus.
Mais pour la
question esthétique du paysage, de l'insertion (pas intégration !) de la construction dans le paysage à dominante naturelle ou dans un ensemble bâti,
tu bazardes d'un poing rageur la question, alors que c'est un domaine culturel très complexe et très sensible pour beaucoup.
La notion de paysage est assez "récente" puisqu'elle remonte aux peintres de la Renaissance qui mettaient la Madonna-col-Bambino sur un fond de très beau paysage de forêts, rivières et rochers, puis encore plus nettement au XVIIème siècle avec les grands peintres de paysages et la veduta. Les impressionnistes ont finit le boulot….
« Vue imprenable », sur une annonce immobilière indique une qualité substantielle.
Le paysage reconnu est un atout économique (cf les guides touristiques).
Fred dit « vu que les maisons dégradent le paysage ». Un peu court jeune homme comme argumentation : les maisons peuvent
créer le paysage. Va visiter « la maison sur la cascade » de Franck Lloyd Wright et tu comprendras ce que je dis.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Maison_sur_la_cascade La notion d’ « insertion d’une construction » remonte à l’« invention » du monument historique, à partir du second empire, avec Viollet-le-Duc et Mérimée. On a d’abord considéré le monument en soi, puis on est passé très vite à l’ensemble bâti qui accompagne le monument.
Les contraintes aux abords de monuments historiques sont assez généralement admises maintenant.
Ça devient plus coton pour la couleur des contrevents de 155 ou la forme des tuiles de Fred.
S’insérer dans un ensemble bâti veut dire « bâtir +/- comme les autres » mais aussi s’intégrer dans une communauté humaine (la plupart du temps, occupante des lieux bien avant toi) donc « faire +/- comme les autres », connaître les usages et les respecter, ce qui bien sûr fait tousser tout anarchiste normalement constitué !
Un chinois te dirait : « la façade de ta maison appartient à celui qui la regarde ».
La loi de 1977 (oui sous Giscard) a reconnu l’architecture comme étant d’intérêt public.
Je pourrais vous sortir des photos de dizaines de constructions qui par leur volume, leurs matériaux ou leurs couleurs, jurent absolument avec leur environnement et même ce bon Fred dirait « Ah, non quand même pas ça ! ».
Donc, avant piquer une colère de môme qui croit qu’on interdit son sucre d’orge parce qu’il est rayé de rouge et de vert, il faudra peut-être aussi comprendre « l’environnement » physique et culturel dans lequel on vit.
Pour moi, en matière « d’insertion des volets, des tuiles et des constructions » il faut raisonner avec plusieurs notions fondamentales :
- 1/ le droit de construire est un droit fondamental (le restreindre devrait se faire avec circonspection).
- 2/ y a t’il un enjeu ? et de quel degré (visible par des tiers ?, visible de la voie publique sans zoom 200mm ?, co-visibilité avec beaucoup de choses ?). S’il y a enjeu on intervient, mais pas dans le but unique d’emmerder les 155 Fred.
- 3/ faire abstraction de sa sensiblerie personnelle (dégoûts et des couleurs …) donc voir s’il y a un minimum de consensus local sur cette intervention, notamment avec l’assentiment du maire et de la majorité de son conseil. Il est bien évident que ce consensus peut paraître rétrograde et il faut éviter qu’il empêche la création. C’est ainsi que les règlements d’urbanisme doivent être conçus (selon moi) puis doivent être approuvés après enquête publique où chacun peut faire valoir ses droits (et ses sentiments d’habitant).
Si 155 a obtenu l’autorisation de l’Architecte des Bâtiments de France pour la couleur de ses contrevents, ce n’est pas par une trop bonne astuce pour doubler le maire, mais pour avoir fait comprendre qu’il avait un vrai projet, réfléchi et argumenté.