Ce n'est pas forcément propre à l'Etat, les travers de ce genre menacent toutes les organisations passée une certaine taille. J'ai l'impression que c'est plus prégnant dans les pays latins: Il faut "el papel".

El papel...
Dans un livre de 1922 hérité de mon grand'père j'ai trouvé un papier portant mention suivante :

Police préfecture
Prenant ordre

Par ordre du militaire gouverneur de Paris à aucun officier ou allemands soldats une réquisition permettre de venir sans signature ou cachet de monsieur le Lt colonel Speitel ou de M. le commandant Winter

Le rédacteur ne semble pas être latin, pas latin comme la princesse non plus.

Le tout sur une demi-feuille de papier libre mal déchirée en deux, sans aucun cachet ni en-tête.

Simple brouillon ?
Espèce d'ausweis suffisant en soi, étant entendu que se permettre de se l'inventer frauduleusement est impensable, car alors douze balles dans la peau ?

Il n'y a pas que deux logiques, mais une logique personnel en fonction de chaque décisionnaire, et qui parfois outre passe ses prérogatives en essayant de cacher sa décision (dictée par sa logique) derrière la loi.

Quand j'ai refait la façade de notre commerce, en plein centre ville, j'ai fait ma demande de ravalement de façade à la mairie, en fournissant au dossier les échantillons des couleurs souhaitées.
Demande refusée par le Maire sous le motif qu'en zone des monuments historiques (dont le centre ville dépend par la présence d'un château), le blanc était imposé pour les façades et les volets.
Après une visite dans son bureau, j'ai compris qu'il préférait conserver les façades crasseuses plutôt que de faire le nécessaire auprès des monuments historiques du département pour essayer de changer quelque chose.

J'ai donc pris contact avec l'ingénieur en chef des monuments historiques du département, et je lui ai présenter le projet de façade avec les couleurs souhaitées.
Pas de problème pour lui, je lui ai transmis directement une nouvelle demande, le Maire n'a pas pu mettre son véto, et la façade est devenue radieuse au point que les plus jaloux ont cru que j'avais fait les travaux sans en avoir fait la demande

Il faut toujours s'adresser au grand chef, jamais aux sous-fifres; et comme dit Tantine, c'est parfois bon de se payer le toupet de faire un truc tout seul sans rien dire à ces cons.
De toutes façons, leur parler ne les instruit même pas.

deux logiques : l'intérêt général et ta volonté à toi
mais tu mélange là aussi deux domaines : l'intérêt général en matière esthétique et l'intérêt général en matière d'équipements (ici ta fosse sur laquelle tu reste sceptique) pff
Tu as bien raison d'évacuer la question des eaux usées (pff, ces jeux de mots !) car on convient assez vite que la santé de l'habitant et de ses voisins soit importante.

Si tu trépigne en disant "c'est chez moi, j’fais ce que j'veux" tu te réfère au droit romain d’ « usus _ fructus _ abusus » droit d’user et d’abuser : « charbonnier est maître chez lui ». On a cependant introduit des restrictions à ce droit d’abuser : tu as le droit de détruire ta maison, sauf si tu mets en péril les maisons mitoyennes, tu n’as pas le droit de couvrir en chaume ta maison qui pourrait faire crâmer les maisons mitoyennes, tu peux laisser pourrir ton mur sauf s’il risque de s’effondrer sur les passants, etc…. Le bail de location que tu signe te donne un large droit d’usage sur une propriété, mais on ajoute la notion qui peut paraître ridicule d’user « en bon père de famille » qui est une restriction à l’abusus.

Mais pour la question esthétique du paysage, de l'insertion (pas intégration !) de la construction dans le paysage à dominante naturelle ou dans un ensemble bâti,
tu bazardes d'un poing rageur la question, alors que c'est un domaine culturel très complexe et très sensible pour beaucoup.
La notion de paysage est assez "récente" puisqu'elle remonte aux peintres de la Renaissance qui mettaient la Madonna-col-Bambino sur un fond de très beau paysage de forêts, rivières et rochers, puis encore plus nettement au XVIIème siècle avec les grands peintres de paysages et la veduta. Les impressionnistes ont finit le boulot….
« Vue imprenable », sur une annonce immobilière indique une qualité substantielle.
Le paysage reconnu est un atout économique (cf les guides touristiques).

Fred dit « vu que les maisons dégradent le paysage ». Un peu court jeune homme comme argumentation : les maisons peuvent créer le paysage. Va visiter « la maison sur la cascade » de Franck Lloyd Wright et tu comprendras ce que je dis. https://fr.wikipedia.org/wiki/Maison_sur_la_cascade

La notion d’ « insertion d’une construction » remonte à l’« invention » du monument historique, à partir du second empire, avec Viollet-le-Duc et Mérimée. On a d’abord considéré le monument en soi, puis on est passé très vite à l’ensemble bâti qui accompagne le monument.
Les contraintes aux abords de monuments historiques sont assez généralement admises maintenant.

Ça devient plus coton pour la couleur des contrevents de 155 ou la forme des tuiles de Fred.
S’insérer dans un ensemble bâti veut dire « bâtir +/- comme les autres » mais aussi s’intégrer dans une communauté humaine (la plupart du temps, occupante des lieux bien avant toi) donc « faire +/- comme les autres », connaître les usages et les respecter, ce qui bien sûr fait tousser tout anarchiste normalement constitué !
Un chinois te dirait : « la façade de ta maison appartient à celui qui la regarde ».
La loi de 1977 (oui sous Giscard) a reconnu l’architecture comme étant d’intérêt public.

Je pourrais vous sortir des photos de dizaines de constructions qui par leur volume, leurs matériaux ou leurs couleurs, jurent absolument avec leur environnement et même ce bon Fred dirait « Ah, non quand même pas ça ! ».
Donc, avant piquer une colère de môme qui croit qu’on interdit son sucre d’orge parce qu’il est rayé de rouge et de vert, il faudra peut-être aussi comprendre « l’environnement » physique et culturel dans lequel on vit.

Pour moi, en matière « d’insertion des volets, des tuiles et des constructions » il faut raisonner avec plusieurs notions fondamentales :
- 1/ le droit de construire est un droit fondamental (le restreindre devrait se faire avec circonspection).
- 2/ y a t’il un enjeu ? et de quel degré (visible par des tiers ?, visible de la voie publique sans zoom 200mm ?, co-visibilité avec beaucoup de choses ?). S’il y a enjeu on intervient, mais pas dans le but unique d’emmerder les 155 Fred.
- 3/ faire abstraction de sa sensiblerie personnelle (dégoûts et des couleurs …) donc voir s’il y a un minimum de consensus local sur cette intervention, notamment avec l’assentiment du maire et de la majorité de son conseil. Il est bien évident que ce consensus peut paraître rétrograde et il faut éviter qu’il empêche la création. C’est ainsi que les règlements d’urbanisme doivent être conçus (selon moi) puis doivent être approuvés après enquête publique où chacun peut faire valoir ses droits (et ses sentiments d’habitant).

Si 155 a obtenu l’autorisation de l’Architecte des Bâtiments de France pour la couleur de ses contrevents, ce n’est pas par une trop bonne astuce pour doubler le maire, mais pour avoir fait comprendre qu’il avait un vrai projet, réfléchi et argumenté.

Excellemment argumenté.

Mais... dans mon village du Quercy, tous les volets et portes étaient couleur rouille —par vieillesse— ou merde-de-chien, mauvaise imitation du vieux chêne.
Donc, il était entendu qu'un nouvel arrivant devait repeindre couleur merde de chien, voire gris-cimetière.
Or, je voulais un bleu-majorelle lumineux. On m'a confirmé récemment que si j'avais demandé les autorisations en 2005 pour cette couleur, cela m'aurait été refusé.
Bien entendu, je n'ai rien demandé et j'ai repeint portes extérieures, persiennes, volets... en bleu-majorelle... qui au fil des années devient un peu bleu-charrette en plein sud.
Au début, ça a un peu grincé...
Puis, d'autres sont venus, qui ont repeint chez eux, qui en vert, qui en bleu. Lentement le village évolue et ressemble moins qu'avant à un village pourri et rouillé.
Je veux dire que la dépendance à une administration tatillonne conduit à un immobilisme 100% français et à une rouille générale.

C'est celui qui outrepasse qui fait évoluer les choses, pas le cou plié, la tête baissée et le chapeau bas.

Des règlements qui doivent être approuvés par enquête publique??? C'est rajouter du mal au mal et alourdir encore les choses, alors qu'il faut alléger, faciliter, supprimer toutes les demandes préalables et autres atrocités administratives.

Ah oui! tant qu'on y est...
J'ai bâti sur une de mes terrasses une construction, abri de jardin, de 11,8 m2 avec ossature bois, tuiles locales, blabla... dans le style local après autorisation de travaux. On ne m'y reprendra plus!
Un dossier à constituer + des frais de plan (sans géomètre, pas d'autorisation de travaux: je te tiens, tu me tiens par la barbichette...) + 6 mois d'attente... pour aboutir à des "préconisations" ("à condition que... sous réserve de...") déjà proposées par moi LoooL —pour justifier le travail des gratte-papiers... et une TAXE de plus de 600 € ensuite, une fois la construction achevée. Et le papier m'annonce que c'est la 1ère sur 3 !!! PLUS l'augmentation de la taxe foncière.

Évidemment, je n'avais pas fait de déclaration préalable auparavant pour les autres dépendances, et je n'en ferai plus jamais. C'est un prétexte pour la taxation et l'intérêt esthétique, paysager, culturel blabla est une simple justification préjudicielle pour pouvoir taxer ensuite.
Pourris...

Le prochain connard des Bâtiments de France ou autre service qui veut rentrer chez moi —au nom de l'intérêt général— pour regarder, mesurer, photographier, je l'accueille avec dissuasion, même si je passe 5 ans en taule ensuite.

Attention numerusclausus l administration fiscale utilise google earth pour détecter la piscine olympique que.tu as creusée en loucedé

Oh merde! zaatar, tu l'as vue?

On sait que Touchau bosse dans un service qui autorise ou non des demandes de permis de construire ou travaux

Cependant on nous impose de belle connerie dans ces services. J'ai fait une demande de permis de construire pour une extension en bois (un garage 2 places collé à la maison existante). La prescription obligatoire était de laisser le bois naturel sans traitement de surface pour qu'il grise naturellement
C'est chouette du bois scié devenu tout gris et noir de moisissure au bout de quelques années. "Je n'avais pas lu la ligne en question" et j'ai traité avec les bons produits pour que mon bois reste sain et beau. Au contrôle d’achèvement des travaux, le préposé qui est venu faire les contrôles (Touchau? ) n'en a rien vu.

Réponse 1/ : oui j'ai travaillé dans le circuit du permis de construire (j'en ai nulle honte et j'ai essayé de le faire intelligemment )
Réponse 2/ : c'est pas moi qui suis passé tu peux en être certain, j'aurais immédiatement vu tes petits bricolages.
Réponse 3/ : étant dans un département alpin, je reste persuadé que le bois non protégé des intempéries est une belle connerie et que les modes architecturales de mettre (ou d'imposer) du bois partout sont juste bonnes à piéger les maîtres-d'ouvrage. cà fait de belles photos de références la première année et après comme tu dis, c'est gris-noir repoussant (et pourissant).
réponse 4/ : je te rassure, tu es bien un "anarchiste normalement constitué"

Réponse 4/ @ numerusclausus : j'aimerais tant, moi aussi, des simplifications. Tout ça me rend malaâade !

Au risque de t'étonner, je suis d'accord avec toi sur 99% des points que tu relèves.
Par contre, le 1% concerne ce que je cite:
1/ quand on vivait dans des grottes, les maisons (eut égard à leur originalité) ne pouvaient qu'être considérées que comme des dégradations du paysage.
2/ il y a effectivement des bâtiments qui me piquent les yeux. Mais c'est moi qui juge, et aujourd'hui. Qui sait si dans 100 ou 200 ans les touristes ne feront pas un détour pour admirer leur esthétique hardie et novatrice ?
3/ j'aime beaucoup l'architecture (à noël j'ai eu un bouquin sur le brutalisme), je connais bien cette maison. C'est un beau phantasme d'architecte. De mon point de vue, elle dégrade la forêt.

C'est bien ce que je pense.

Fred92